Résumé. Le français ontarien partage la grammaire phonologique avec son parent québécois, tout en présentant des divergences conditionnées par la distance géographique et par le contact avec l'anglais. Le rythme du français ontarien a fait objet d'une série d'études récentes utilisant des mesures rythmiques, mais cet aspect prosodique n'a pas démontré d'influence du contexte minoritaire et du contact avec l'anglais. De plus, les données du contexte minoritaire ont montré une rythmicité plus syllabique (française) que celles des contextes majoritaires. Les mesures rythmiques seules manquant de capacité d'explication, pour explorer plus précisément les origines de ces résultats inattendus, nous comparons les données du français ontarien en contact et du français québécois, et explorons la typologie syllabique, la longueur et la durée des groupes accentuels, les rapports de durée des syllabes au sein d'un groupe accentuel et l'intensité des voyelles dans les limites de ce groupe. Des enregistrements spontanés ont servi à cette étude. Les résultats démontrent des similarités mais aussi des différences importantes qui tiennent à la distribution des durées syllabiques et à l'intensité des voyelles, et suggèrent qu'en français, en contexte minoritaire, l'intensité serait un corrélat acoustique de l'accent rythmique primaire et secondaire.
Abstract. Rhythmic (in)variability in Canadian French.While sharing phonology with the parent Quebec variety, French spoken in Ontario shows differences that are due to the contact with English and to the geographical distance from Quebec. However, a number of recent studies focusing on prosodic rhythm and applying rhythm metrics did not reveal any effect of language contact. Moreover, not only they did not observe in Ontario French a more stress-timed pattern proper to the majority language, they found that the minority French data has an even more syllable-timed (French) pattern. Rhythm metrics alone are not able to explain these unexpected results, therefore, in order to better understand them, we are undertaking a comparative analysis of Ontario and Quebec spontaneous data focusing on syllabic typology, length and duration of the stress group, syllable duration ratios within it, and vowel intensity. Results reveal rhythmic similarities but also important differences that pertain to the duration ratios and to the distribution of the intensity within the stress group, suggesting that the intensity is an important acoustic correlate of primary and secondary stress in French spoken in contact with English.