Cet article s’intéresse à la dynamique qui transforme des paroles empêchées en paroles déplacées. Il conjugue une approche clinique en psychosociologie et sociologie, attentive à l’éprouvé et à l’intersubjectivité, et une perspective d’analyse de discours questionnant l’articulation entre faits de langue et situations sociales. À partir de l’étude de deux cas dans l’univers du soin hospitalier, il montre la violence que peuvent ressentir les sujets, patients, proches et professionnels de santé face à un discours procédural et gestionnaire. En favorisant une infantilisation qui délégitime leur prise de parole et une réification qui fige chacun dans des rôles, le discours managérial contribue à une déshumanisation des relations et prises en charge des vivants et des morts. Pourtant, des efforts pour dire et être entendu persistent, marquant la tentative de retrouver une commune humanité autour d’une parole vivante.