Cadre de la recherche : Les jeunes adultes ont
constitué le groupe d’âge ayant le plus souffert du sentiment de solitude pendant la
pandémie. À ce jour, ce phénomène a principalement été approché par des indicateurs
standardisés en santé mentale : nous défendons l’idée qu’une perspective sociologique peut
apporter un éclairage différent sur ces expériences.
Objectifs : Cet article adopte une approche centrée sur les parcours de vie pour
examiner les diverses significations de la solitude pendant la pandémie, ainsi que les
conditions sociales de son émergence. Nous explorons les principales sources de solitude
chez les jeunes, les émotions qui y sont liées et les stratégies adoptées pour y faire
face.
Méthodologie : Notre enquête s’appuie sur
l’analyse comparée de 48 récits de vie conduits en 2020 et 2021 auprès d’individus âgés de
18 à 30 ans, issus de milieux sociaux variés, à Montréal (16), en Gaspésie (16) et à
Toronto (16).
Résultats : Tous les récits sont
initialement marqués par l’existence d’un « choc de solitude », mais ils se polarisent
fortement en trois grandes expériences différenciées : la solitude comme « gouffre »,
comme « combat » ou comme « ressource ».
Conclusions :
On ne peut réduire la solitude pandémique des jeunes à la souffrance de l’isolement : dans
notre enquête, les jeunes adultes ont été touché.es par
différents types de solitude — relationnelle certes, mais aussi existentielle et politique
— marquantes pour leur génération. Nous montrons également comment la précarité tend à
créer un processus de « cumul des solitudes » et soulignons le rôle paradoxal des médias
sociaux sur ces différents types de solitude.
Contribution : Cet article offre une meilleure compréhension des facteurs sociaux et
générationnels à l’origine de la hausse marquée de la solitude des jeunes pendant la
pandémie. Il permet de mieux saisir la dynamique des inégalités sociales dans ces
expériences.