Faut-il formaliser les règles de gestion de l'eau ? Une expérience dans le Haut Atlas Résumé La mise en conformité des pratiques locales de gestion (« coutumières ») avec les lois nationales sur l'eau implique d'officialiser par écrit, de formaliser, des règles produites localement. Or, dans les sociétés de tradition orale, comme celle des Aït Bou Guemez du Haut Atlas, ce travail d'écriture ne va pas de soi. Il se heurte en effet à la complexité des modalités locales de gestion de l'eau. Celles-ci ne reposent pas sur des règles produites indépendamment des contextes variés dans lesquels elles sont mises en oeuvre comme c'est le cas dans les règlements relevant du droit « moderne ». Au contraire, la gestion locale de l'eau mobilise un ensemble de règles, principes et usages de nature et de statut variés. La cohérence et l'efficacité de ces « corpus de règles » repose sur la manière dont ils sont agencés et mobilisés par les acteurs, en situation. L'observation de ces corpus et de leur mise en oeuvre au cours d'une campagne d'irrigation permet de dégager certaines caractéristiques de la gestion communautaire de l'eau. À partir de cette expérience, des recommandations sont proposées pour une formalisation de ces règles qui soit adaptée aux pratiques effectives de gestion collective l'eau.