Cet article étudie le rôle du syndicat unique UNTZa (Union nationale des travailleurs du Zaïre) comme intermédiaire entre les travailleurs du secteur minier, le parti unique MPR (Mouvement populaire de la révolution) et l’entreprise monopolistique Gécamines dans les années 1970. Si « l’État intégral » zaïrois ambitionne d’étouffer toute contestation, le rôle crucial de l’industrie minière pour l’économie nationale permet à ses travailleurs d’être partiellement écoutés. Cette recherche, basée sur des archives « informelles » de la Gécamines et des entretiens avec d’anciens syndicalistes, met en lumière les espaces de négociation au coeur du système répressif zaïrois. Des discussions portant sur l’africanisation des cadres, l’accès privilégié au salariat pour les enfants de travailleurs, la distribution de la ration alimentaire et l’extension de la couverture médicale mettent en lumière la façon dont la notion polysémique de « famille » est invoquée par les délégués syndicaux pour faire avancer leurs revendications.