Les auteurs se demandent si l’utilisation de marqueurs discursifs change, dans les interactions des infirmières avec les patients, en fonction de l’usage qu’elles font de leur langue maternelle (L1) ou de leur langue seconde (L2). Les marqueurs sont analysés à titre de marqueurs de maintien du tour de parole, indiquant la « prise en compte » et de marqueurs de transition dans le discours, indiquant un changement de sujet ou de locuteur dans la conversation. Ces deux catégories de marqueurs diffèrent sur le plan du degré de gestion du discours et du contrôle interactionnel. Seize infirmières mènent auprès d’un patient de L1 anglaise et d’un patient de L1 française un entretien visant l’évaluation de la douleur, entretien dans lequel les infirmières utilisent leur propre L1 dans un cas et leur propre L2, moins bien maîtrisée, dans l’autre. Les résultats de l’étude ne permettent pas de confirmer la première hypothèse, selon laquelle les infirmières devraient normalement utiliser les marqueurs discursifs plus fréquemment en L1 qu’en L2. Ils confirment toutefois la seconde hypothèse, selon laquelle les infirmières devraient utiliser les marqueurs de changement de sujet moins fréquemment en L2 qu’en L1, comparativement à leur usage (de base) des marqueurs de maintien du tour de parole. Les constatations des auteurs, en particulier l’attestation de la seconde hypothèse, pourraient avoir des répercussions sur le développement de la formation en L2 des professionnels de la santé.