Au cours de cet essai, nous présentons la pensée de Nishitani, à la fois praticien du zen et philosophe. Nous expliquons les thèmes sur lesquels il se concentra dans son dialogue avec Eckhart, Nietzsche et Heidegger : le grand doute (taigi), la grande mort (taishi), la religion (shūkyō) , la concentration (samādhi, sammai ), l’ego (jiga), le vrai soi (jiko), l’ipséité (jitai, identité profonde), la talité (tathatā, nyojitsu), le rien (mu), la nihilité (kyomu, littéralement : le « rien creux »), la vacuité (kū équivalent japonais du fameux śūnyatā littéralement « ouverture céleste »). Ce penseur alla très loin dans la compréhension d’aspects importants de la philosophie occidentale, qu’il mit en rapport critique avec des convictions qui lui venaient de sa tradition bouddhiste. Cet article s’efforce donc de bien interpréter son approche vigoureuse et originale. Finalement, nous indiquons brièvement des pistes de renouveau pour une réflexion théologique de plus en plus mondialisée, soucieuse non seulement d’explorer les perspectives japonaises, mais encore de réagir avec créativité.