Jadis toute contusion abdominale avec hémo-péritoine était justiciable d'un acte chirurgical. Mais depuis plus de deux décennies, avec l'avènement de l'échographie et de la tomodensitométrie, l'option non opératoire est de plus en plus préconisée. Les objectifs de notre étude étaient de déterminer la fréquence du traitement non opératoire (TNO) de l'hémopéritoine dans les traumatismes abdominaux fermés, d'identifier les étiologies avec les mécanismes de survenue, de décrire les signes cliniques, paracliniques et de déterminer les indications du TNO. Il s'agissait d'une étude rétrospective, descriptive, réalisée de janvier 1999 à décembre 2008 en chirurgie générale au CHU GabrielTouré de Bamako (Mali). Ont été inclus tous les patients admis pour traumatismes fermés de l'abdomen (TFA) avec hémopéritoine confirmé par la clinique, la paraclinique et hémodynamiquement stables, en l'absence de lésion intestinale. Les cas de contusion abdominale avec instabilité hémo-dynamique ou une lésion intestinale associée ont été exclus de l'étude. Nous avons colligé 405 cas de TFA avec 270 cas d'hémopéritoine associés. Le TNO a porté sur l'expectative armée avec une surveillance clinique et paraclinique répétée. L'étude a porté sur 73 patients, dont 50 hommes (68,5 %) et 23 femmes (31,5 %) avec un sex-ratio de 2,26. La moyenne d'âge a été de 20,53 ans. Les élèves étaient les plus exposés avec 40 cas (54,8 %). Le TNO a représenté 18 % des TFA et 0,3 % de nos hospitalisations durant la période d'étude (n = 23 887). Cinquante-six patients (76,8 %) ont été admis avant les six premières heures après le traumatisme. La pâleur conjonctivale et l'hypotension artérielle ont été retrouvées respectivement chez 26 (36 %) et huit (11 %) des patients. Nous avons observé une stabilité hémodyna-mique chez 65 malades (89 %) à l'admission et huit cas (11 %) d'instabilité ayant répondu favorablement à une réanimation initiale. Les accidents de la voie publique (AVP) 44 cas (60,3 %) et les chutes 14 cas (19,2 %) étaient les principales étiologies. L'hémopéritoine était de faible abondance 36 cas (49,3 %), de moyenne abondance 34 cas (46,6 %) et de grande abondance trois cas (4,1 %). L'ASP a été réalisé chez tous les patients (100 %) et n'a pas retrouvé de pneumopéritoine. À l'échographie, la rate a été l'organe le plus lésé 21 cas (28,8 %) contre dix cas (13,7 %) pour le foie et trois cas (4,1 %) pour le rein. Sept patients (9,6 %) ont pu bénéficier du scanner, dont trois cas de lésions spléniques de grade II, deux cas de lésions hépatiques de grade II, un cas de lésion rénale de grade II. Six malades (8,2 %) ont été transfusés. Les suites ont été simples dans 66 cas (90,4 %), et l'échec thérapeutique a été observé chez sept patients (9,6 %) opérés secondairement. La mortalité a été nulle. Le séjour moyen hospitalier était de 7,8 jours. Conclusion : Actuellement, le TNO peut être préconisé chez tout patient hémodynamiquement stable en l'absence d'une lésion intestinale associée. Il permet de limiter le nombre de laparotomies blanches et les risques ...