L’objet de cet article méthodologique est de présenter, de façon réflexive, une autre démarche d’enquête expérimentée en socio-anthropologie comme solution à l’impossibilité de se rendre sur le terrain d’enquête à cause de l’insécurité « terroriste » qui y sévit. L’étude a pour terrain l’Est burkinabè et, pour sujet, les liens entre « terrorisme » et aires protégées. Nous avons testé l’« enquête ex-situ » par déplacement des enquêté.es et entretiens téléphoniques. La méthode se révèle porteuse d’un potentiel heuristique, méthodologique et épistémologique considérable. L’article invite à questionner la tradition méthodologique ethnographique empruntée par la socio-anthropologie au regard de la multiplication des « terrains impossibles » et des opportunités offertes par les technologies modernes de transport et de communication.
Dans leur grande majorité, les aires protégées (forêts classées, parcs nationaux et réserves de faune...), sont d’anciens territoires de communautés installées dans leurs périphéries. Ces populations sont organisées au travers de processus de construction du territoire qui, dans la plupart des cas, comportent une dimension religieuse. Dans les sociétés de l’Afrique subsaharienne, les autels sacrificiels constituent la marque par excellence d’une telle représentation de l’espace. Continuer à offrir aux puissances associées à ces autels des sacrifices est, pour les populations, une obligation. Pour ce faire, il faut se rendre sur l’autel, même lorsqu’il est situé à l’intérieur du domaine classé. L’impossibilité de retourner sur les sites sacrificiels du fait des contraintes de l’aire protégée est un des principaux objets de la contestation opposée par les populations de la périphérie. Comment des sociétés caractérisées par la mobilité des populations résolvent-elles la contradiction entre déplacements (volontaires ou forcés) des hommes et « fixité » des lieux de culte? Chez les Gourmantché, beaucoup d’observateurs font remarquer que le système sacrificiel dispose en lui-même des solutions pour l’accès aux autels que les populations continuent à solliciter : il faut déplacer l’autel, le reproduire ou lui sacrifier à distance. Cependant, le recours à ces alternatives n’est pas toujours possible, comme nous le montrerons. L’objectif de cet article est d’analyser le sens des résistances manifestées par les pratiques de contournement des injonctions administratives et les discours critiques développés par les populations au sujet de l’accès à leurs lieux de culte.
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