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La « mixité sociale » fait partie des stratégies des pouvoirs publics pour déconcentrer les quartiers pauvres et favoriser une plus grande cohésion sociale entre les habitant-es issu-es de divers milieux sociaux, culturels et économiques. Alors que la ville fait face à un contexte de gentrification, où des populations plus aisées s’installent dans des quartiers populaires, les politiques de mixité sociale veulent maintenir l’accès à la ville des populations issues de toutes les catégories sociales. Si ce phénomène et ses impacts sur les coûts des logements ou des produits de consommation sont relativement bien documentés, nous en savons encore très peu sur la mise en oeuvre de la mixité en intervention sociale et, plus particulièrement, dans les services entourant le développement de la petite enfance et le soutien à la parentalité. Cet article s’appuie sur une enquête ethnographique combinant une analyse documentaire, des observations, 16 entrevues avec des mères fréquentant les services publics et communautaires qui mettent en place les politiques de soutien à la parentalité et de développement de l’enfant, ainsi que 14 entrevues avec des intervenant-es qui travaillent dans ces structures. L’analyse permet d’observer le fait que le projet de mixité sociale, s’il a pour qualité de promouvoir l’inclusion et l’accès universel de toutes les mères à ces services, pose certaines limites pratiques. Paradoxalement, il ne permet pas à certaines mères, et particulièrement aux plus pauvres et aux plus marginalisées, de rester incluses dans les services qui leur sont pourtant destinés.
La « coconstruction », souvent citée comme une innovation du modèle québécois, réfère à un répertoire d’expériences impliquant le partage des ressources et du pouvoir dans l’élaboration des politiques entre les pouvoirs publics et les organismes communautaires (associations à but non lucratif). Or, il existe des biais de genre dans la mise en œuvre de cette « coconstruction » qui permettent aux milieux d’innover socialement. À partir d’un travail ethnographique réalisé en 2017-2018 (combinant des entretiens semi-dirigés avec des salariés et des salariées des organismes communautaires intervenant auprès des enfants et des familles ainsi que des observations dans les rencontres de concertation locale d’un quartier populaire de Montréal), cet article observe comment se partagent les responsabilités sociales, dans un contexte où une majorité de femmes, intervenantes, bénévoles et stagiaires, sont investies. En interrogeant l’usage du concept de « coconstruction » dans la fabrique des politiques sociales, il rend visibles le travail d’actrices du terrain et la dimension genrée de son organisation, qui sont des éléments encore peu documentés dans la littérature sur le travail social.
Le travail social a été un lieu central de débats et d’échanges sur l’organisation communautaire au Québec, en étant à l’origine des principales synthèses sur la pratique. Dans le contexte où une grande partie des écrits francophones remontent aux années 1990 et 2000, cet article propose des pistes de réflexion pour contribuer à l’actualisation des connaissances dans ce domaine. À partir d’une recension des écrits, trois zones d’ombre dans l’état des connaissances sont explorées : (1) la place du conflit comme grille d’analyse et outil d’intervention; (2) la prise en compte des rapports de pouvoir qui traversent les communautés; et (3) la mise en débat et la problématisation des termes employés pour définir la pratique. Dans l’ensemble, les constats soulevés invitent à approfondir la réflexion sur les orientations politiques de l’organisation communautaire et sur le projet de transformation sociale qu’elle porte.
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