Cet article propose d’illustrer les pratiques et représentations d’une forme spécifique d’échange économico-sexuel au Burundi, celle des « bienfaiteurs », en la resituant dans la longue durée. Le recours aux « bienfaiteurs » se présente comme une stratégie de subsistance et de survie pour les femmes cheffes de ménage de la capitale. Cette pratique de sexe transactionnel, mise en regard avec celle, plus connue, des « sugar daddies », conforte et révèle un système global de domination masculine et de séniorité.

Rupture et continuité d'un ethos politique autoritaire : les noms de partis au Burundi Sacralisée dans l'espace public, la parole prononcée au Burundi vaut acte 1 , et peut se révéler d'une importance plus grande, déclencher une mobilisation politique plus immédiate qu'un évènement. Théâtre de violences cycliques depuis les années 1960, le Burundi a évolué au rythme des discours de la haine qui ont mené, comme chez son voisin rwandais, à des massacres génocidaires. Si la construction idéologique identitaire sur le long terme a fait l'objet de nombreuses recherches (Chrétien, Dupaquier, 2007 ; Thibon, 2004 ; Muntununtwiwe, 2011), la question de l'onomastique politique demeure un champ peu abordé (Hajayandi, 2011). Pourtant, les noms des partis politiques au Burundi sont riches de sens, en tant qu'ils témoignent, à eux seuls, des évolutions historiques contemporaines. Cet article propose d'analyser l'évolution des noms des partis politiques au Burundi, en explorant des dynamiques de nomination qui pourraient au premier abord paraître concurrentielles, mais qui en réalité s'articulent dans une mitoyenneté complexe révélant la pérennité d'un ethos politique autoritaire et symboliquement violent.L'histoire des quarante dernières années, marquées par des épisodes de massacres génocidaires, en 1972 et 1993 notamment, et par une guerre civile de 1993 à 2000, a engendré des partis politiques porteurs et vecteurs d'une idéologie chargée d'une dimension ethnique tacite ou exprimée au grand jour, et dont les noms reflètent la volonté belliqueuse. Les noms des groupes d'abord rebelles, puis partisans, rivalisèrent ainsi de marqueurs guerriers, de Forces en Défense, en passant par le Front, le contexte guerrier engendrant ainsi le nom. La période post-conflit, marquée par un retour timide d'une paix toute relative, a vu les principaux partis du pays conserver ces noms, tandis qu'un seul, en 2009, a été contraint d'ôter la revendication ethnique de son intitulé. Si la société a évolué nettement vers un processus de désethnicisation, on 1. De nombreuses expressions proverbiales mettent en avant ce caractère sacré et performatif de la parole prononcée en public.