Cette note de recherche porte sur la création d’une base de données qui rassemblera au final toutes les enquêtes du coroner qui ont conclu à un décès par suicide sur le territoire du Québec, et ce, de la Conquête britannique (1763) à 1986, soit plus ou moins 20 000 enquêtes. Riche de matériaux aussi précieux que des rapports médicaux, des témoignages de proches ou de professionnels d’horizons divers, des verdicts de jury et coroner ou encore des lettres d’adieu, cette base de données ne permettra pas seulement des analyses de type épidémiologique. Elle ouvrira aussi la voie à l’examen de l’évolution des discours sociaux qui accompagnent le geste suicidaire. Nous aborderons également le fait que la création et l’utilisation d’une telle base de données ne viennent pas sans leur lot de dilemmes épistémologiques et méthodologiques.This research note focuses on the creation of a database that will eventually include all 20 000 coroners’ inquests conducted in Quebec from the British Conquest (1763) to 1986 that have returned a verdict of death by suicide. With its invaluable material ranging from medical records, witness statements from relatives and diverse professionals, coroner and jury verdicts to farewell letters, the relevance of this database will not be limited to epidemiological analyses. It will also facilitate a better understanding of the evolution of social discourses on suicidal gestures and will shed some light, through their own words, on the lives of those who chose to put an end to their existence. The note also addresses the fact that the creation and use of such a database does not come without its share of thorny epistemological and methodological dilemmas
Dans cet article nous abordons divers questionnements éthiques et méthodologiques auxquels nous avons été confrontés dans le développement, la conception et la pérennité d’une banque de données numérique sur le geste suicidaire au Québec sur plus de 250 ans d’histoire. Dans le cadre de cette réflexion, nous examinerons les enjeux liés au recueil, au codage et à la numérisation des données de même que ceux liés à la protection et au partage des données dès lors que cela touche au suicide. En effet, comment normaliser une réflexion sur le suicide sans banaliser voire possiblement encourager ce dernier ? Comment parler respectueusement des personnes suicidées et de leur entourage ? Par exemple, quel sort doit-on réserver aux photographies des défunts et des lieux de décès ? En d’autres mots, nous nous interrogerons plus globalement sur notre rôle de chercheur, notamment à l’égard de celles et ceux qui se sont enlevés la vie sans penser qu’un jour leurs dernières paroles, leur dernier geste seraient analysés et mis à jour par notre équipe de recherche.
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