Dès la fin du xvi e siècle, les villes coloniales espagnoles étaient structurées par deux rapports hiérarchiques : le premier opposait les hommes libres aux esclaves et le second distinguait les Blancs des gens de couleur. Malgré cette centralité de la couleur, la séparation entre des milices de Blancs et des milices de couleur ne fut jamais automatique ou évidente. Cet article vise à restituer la genèse des compagnies de couleur de l’Amérique espagnole afin de mettre en rapport deux dynamiques qui émergent au tournant des xvi e et xvii e siècles : la formation d’élites de couleur et le rôle croissant des lexiques de la couleur dans les manières de dire les hiérarchies sociales.
Depuis une vingtaine d’années, l’historiographie a démontré la pluralité des contextes normatifs et juridiques au sein des empires modernes. Cet article vise à montrer que ces variations locales concernent également les pratiques classificatoires et les langages d’appartenance des acteurs. Entre 1763 et 1803, plusieurs îles des Antilles connaissent des changements répétés de souveraineté. Tantôt françaises, tantôt britanniques, les petites îles de Sainte Lucie, de la Grenade et de la Dominique subissent de lourdes recompositions sociales et démographiques. Ces trois mondes mêlés, distincts mais connectés, traversés par deux empires, sont intégrés à un espace régional caraïbe structuré par des circulations trans-impériales denses. L’étude des miliciens de couleur permet d’examiner, dans chacun de ces contextes, l’articulation de divers mécanismes de la domination sociale : la richesse, la couleur, la sujétion, mais aussi la langue et la religion. Cet article montre ainsi que l’enchevêtrement de différentes grammaires impériales dans ces espaces renforce la capacité des acteurs à négocier localement leurs appartenances sociales, y compris la couleur
Este artículo examina las posibilidades y las limitaciones de las élites de color en Santiago de Guatemala entre finales del siglo XVII y principios del siglo XVIII. Para ello, estudia en detalle el caso del capitán y maestro dorador mulato Juan de Fuentes (1662-1722). El objetivo es dar cuenta de las prácticas y las estrategias de las élites de color para construir su notabilidad urbana. Este artículo muestra cómo las cofradías, las milicias y los gremios formaban un sistema y constituían las diferentes etapas de una notabilidad codificada, de la cual los libres de color no estaban necesariamente excluidos.
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