No abstract

Regroupés sous la bannière du Rassemblement démocratique révolutionnaire (RDR), les militants et militantes dont il est ici question constituent un ensemble hétéroclite. En effet, les membres du RDR ont tenté de constituer en France une entreprise politique refusant de prendre position pour le bloc de l'Ouest ou le bloc soviétique au début de la guerre froide. Basé sur une sociobiographie collective, l'article étudie la création du RDR à partir de l'étude des vies de ses militantes et militants, issus de courants de la gauche non communiste jusqu'alors divergents. À cette fin, il restitue les logiques individuelles et collectives de formation des dispositions militantes actualisées au sein du groupe pour finalement montrer comment la pluralité des trajectoires antérieures de ses membres a rendu le RDR possible et nécessaire.Under the banner of the Rassemblement démocratique révolutionnaire (Democratic Revolutionary Rally, RDR), the activists examined in this article were a heterogenous group. Indeed, the members of the RDR tried to form in France a political organization that refused to take position in favour of either the Western or Soviet blocs at the beginning of the Cold War. Based on a collective sociobiography, this article views the formation of the RDR from the perspective of the lives of its activists who were drawn from the ranks of the then divergent non-communist left. By reconstructing the individual and collective logics that make up the actualized militant tendencies within the group, the author argues that the diversity of the careers of its members made the RDR a possibility and a necessity.2 Centre d'histoire sociale des mondes contemporains, Fonds Jean-René Chauvin, « Appel du comité Rassemblement démocratique révolutionnaire », 1-JRC-3H, ronéotypé, non daté. 3 Office universitaire de recherche socialiste (OURS), Paris, carton « RDR », Théo Bernard, « Rapport d'organisation »,

Regroupés sous la bannière du Rassemblement démocratique révolutionnaire (RDR), les militants et militantes dont il est ici question constituent un ensemble hétéroclite. En effet, les membres du RDR ont tenté de constituer en France une entreprise politique refusant de prendre position pour le bloc de l'Ouest ou le bloc soviétique au début de la guerre froide. Basé sur une sociobiographie collective, l'article étudie la création du RDR à partir de l'étude des vies de ses militantes et militants, issus de courants de la gauche non communiste jusqu'alors divergents. À cette fin, il restitue les logiques individuelles et collectives de formation des dispositions militantes actualisées au sein du groupe pour finalement montrer comment la pluralité des trajectoires antérieures de ses membres a rendu le RDR possible et nécessaire.Under the banner of the Rassemblement démocratique révolutionnaire (Democratic Revolutionary Rally, RDR), the activists examined in this article were a heterogenous group. Indeed, the members of the RDR tried to form in France a political organization that refused to take position in favour of either the Western or Soviet blocs at the beginning of the Cold War. Based on a collective sociobiography, this article views the formation of the RDR from the perspective of the lives of its activists who were drawn from the ranks of the then divergent non-communist left. By reconstructing the individual and collective logics that make up the actualized militant tendencies within the group, the author argues that the diversity of the careers of its members made the RDR a possibility and a necessity.2 Centre d'histoire sociale des mondes contemporains, Fonds Jean-René Chauvin, « Appel du comité Rassemblement démocratique révolutionnaire », 1-JRC-3H, ronéotypé, non daté. 3 Office universitaire de recherche socialiste (OURS), Paris, carton « RDR », Théo Bernard, « Rapport d'organisation »,

Tradução: POLÍTICA, GUERRA FRIA E RESISTÊNCIA INTELECTUAL

Créé en France en 1948, le Rassemblement démocratique révolutionnaire (RDR) est une entreprise politique qui défend une position neutraliste de refus de l’alternative entre les blocs atlantiste et soviétique. Partant de la présentation sociographique des intellectuel·le·s engagé·e·s dans la fondation de cette entreprise politique originale, cet article entend interroger la mobilisation et les prises de position politique de ce milieu partisan particulier, marqué par la surreprésentation des intellectuel·le·s. Il s’agira d’analyser les logiques de construction d’une position nouvelle au sein des champs politique et intellectuel, mais également la manière dont les formes d’intervention et les prises de position du RDR sont influencées par ses logiques sociales de recrutement. Finalement on se demandera comment les membres du Rassemblement interviennent à double titre au sein du champ de production idéologique : comme entreprise partisane et comme intellectuel collectif, et combien la recherche d’un si fragile équilibre peut peser dans la réussite ou non de leur entreprise.