"L'ethnicité, un outil politique pour les autochtones de l'Arctique et de l'Amazonie." (1995) 6 Résumé L'ethnicité, un outil politique pour les autochtones de l'Arctique et de l'Amazonie. * Retour à la table des matières Depuis vingt-cinq ans, l'ethnicité autochtone a connu des développements spectaculaires auxquels participèrent d'ailleurs de façon importante plusieurs anthropologues dans le sillage de Fredrik Barth. Ceux-ci travaillèrent à la conceptualisation des mobilisations ethniques des peuples autochtones et apportèrent un soutien actif à la cause autochtone au plan international. L'article expose trois cas illustrant les voies diverses de l'utilisation de l'ethnicité comme outil politique : les Youkaguires qui réinventent leur ethnicité, les Inuit qui mettent de l'avant une culture commune au-delà des différences régionales et nationales, enfin, les Indiens d'Amazonie qui s'unissent en un front panethnique transnational sur la base de leur autochtonie et d'un semblable rapport au monde. * Cet article est la version française remaniée et élargie d'un texte en anglais des mêmes auteurs, intitulé « Ethnicity as a political tool for the Indigenous People in the Amazonian and the Circumpolar Basins » qui a été présenté sous la forme d'une communication au congrès international : « The anthrolology of ethnicity, a critical review », Amsterdam 15-19 déc. 1993. Ce premier texte, après révision, a été sélectionné pour faire partie de l'ouvrage collectif The politics of ethnic consciousness, Cora Govers et Hans Vermeulen (éds), 1995 (sous presse).
BERNARD SALADIN D'ANGLURE Cette mission s'est déroulée sur la côte septentrionale du Nouveau-Québec habitée par le groupe esquimau tarramiut1, qui comprend treize cents personnes réparties dans six villages2 échelonnés sur plus de quinze cents kilomètres de côtes. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce groupe, qui depuis trois siècles voit passer chaque année au large de ses campements plusieurs navires marchands, est l'un des moins connus de l'Arctique et, lors d'un bref séjour que j'y fis en 1956, il n'avait jamais encore fait l'objet d'une enquête ethnographique3. Beaucoup moins acculturé que les groupes plus méridionaux de la péninsule du Québec-Labrador, il a conservé de nombreux aspects traditionnels malgré les changements qui ont suivi l'implantation de commerçants il y a cinquante ans, et de missionnaires quelques années plus tard. Grâce à une subvention du Centre National de la Recherche Scientifique, il m'a été possible de passer un peu plus d'un an chez les Tarramiut, du début septembre 1965 à la mi-octobre 1966. Auparavant, j'ai pu, avec la collaboration d'organismes canadiens, effectuer dans la même région une enquête préliminaire
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