Depuis plus de deux décennies, les mesures de lutte antivectorielle contre la trypanosomose sont menées dans la zone des savanes du Cameroun. Afin d’évaluer l’impact de ces mesures sur la prévalence de la maladie, trois zones (zone assainie, zone de front et zone non assainie) ont été localisées sur le plateau de l’Adamaoua. Des échantillons sanguins prélevés sur 349 animaux vivant dans ces zones ont été utilisés pour mesurer l’hématocrite. En outre, à partir des couches leucocytaires obtenues de ces échantillons, des observations microscopiques ont permis la détermination des taux d’infection trypanosomienne et les niveaux de parasitémie de ces animaux. Des infections trypanosomiennes mixtes ou simples ont été détectées chez 40,7 p. 100 des animaux. Trypanosoma congolense a été l’agent étiologique identifié prédominant et 9,2 p. 100 des animaux infectés étaient porteurs au moins de deux espèces parasitaires, avec une prédominance de l’association T. congolense et T. vivax. La prévalence de la trypanosomose a été de 61,1, 21,4 et 24,7 p. 100, respectivement dans les zones non assainie, de front et assainie. Des taux d’hématocrite inférieurs ou égaux à 25 p. 100 (révélateurs d’une infection) ont été enregistrés chez 12,6 p. 100 des 349 animaux examinés et 75 p. 100 de ces animaux étaient porteurs de trypanosomes. Une corrélation négative entre la parasitémie et l’hématocrite (r = -0,19 ; p < 0,001) a été observée. Il n’y a pas eu de différence significative (p > 0,05) entre la prévalence de l’infection dans les différents groupes d’âge des animaux. Les taux d’infection trypanosomienne ont été significativement plus élevés (χ2 = 6,00 ; p < 0,05) chez les mâles (46,1 p. 100) que chez les femelles (35,6 p. 100). Ces résultats ont montré que la trypanosomose était endémique dans cette région et qu’il y avait eu une réinfestation des zones anciennement assainies. Des stratégies de gestion participative et de maintenance durable de ces pâturages doivent être recherchées.
Suite à une enquête dans quelques villages du département de Faro et Déo, le village de Kontcha, qui a présenté la prévalence de la trypanosomose la plus élevée (32,5 p. 100), a été sélectionné afin d’évaluer la résistance des trypanosomes au diminazène et à l’isométamidium. Deux lots de 40 bovins ont été traités au jour 0, l’un au diminazène, l’autre à l’isométamidium. Le statut parasitologique de ces deux lots a été évalué toutes les deux semaines en utilisant la technique du buffy coat pendant une période de deux mois. Chaque animal diagnostiqué positif a été traité au diminazène. Le pourcentage d’animaux infectés par des trypanosomes a été de 32,5 p. 100 dans le lot traité au diminazène et de 27,5 p. 100 dans le lot traité à l’isométamidium. L’analyse de survie ainsi que l’estimation du risque relatif (1,38) ont suggéré une résistance à l’isométamidium et une diminution de l’activité prophylactique de ce produit. Plusieurs animaux traités au diminazène à 7 mg/kg ont été diagnostiqués positifs deux semaines après le traitement, ce qui indiquait également une forte suspicion de résistance à ce trypanocide. Ces résultats du terrain ont été confirmés par le test standardisé sur souris en utilisant six isolats de Trypanosoma congolense provenant des animaux traités. Ces isolats ont été testés au chlorure d’isométamidium (1 mg/kg) et à l’acéturate de diminazène (20 mg/kg) pour établir leur sensibilité. Tous les isolats ont été résistants à au moins un des produits testés, tandis que quatre isolats ont été résistants aux deux produits. Cette étude montre pour la première fois la présence au Cameroun de souches de trypanosomes résistantes aux trypanocides.
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