En revenant sur la période qui encadre l’indépendance de la Mauritanie, proclamée en novembre 1960, cet article souhaite montrer le caractère contingent et laborieux du processus de décolonisation et les conditions complexes de l’autonomisation des élites postcoloniales. Cette contribution cherche à affiner nos connaissances sur l’atmosphère tendue qui règne alors dans ce pays faisant l’objet d’une mobilisation militaire imposante le long de ses frontières avec le Sahara espagnol et l’Algérie en guerre et qui est la cible de plusieurs attaques ou attentats entre 1956 et 1963. Les autorités coloniales, puis mauritaniennes, mobilisent un discours visant à combattre les revendications marocaines sur le territoire tout en surveillant les allégeances des populations sahariennes et les mouvements politiques centrifuges. L’analyse des effets d’échelle montre comment les spécificités de l’ensemble mauritanien et celles de l’État colonial dans la zone saharienne entrent en interaction avec les dynamiques régionales ouest-sahariennes de longue durée, ainsi qu’avec le contexte mondial d’une ère de reconfigurations qui voit les anciennes colonies intégrer les organisations internationales.
La création des armées postcoloniales a été complexe et fragile avec des approches différentes d’un pays à l’autre et un questionnement sur le rôle de ces forces au sein des États, entre actions policières de sécurité, politique et militaire. Les progrès actuels montrent une prise en compte progressive de cette histoire souvent partagée.
Les anciens militaires de l’armée française ressortissants des anciennes colonies subsahariennes ont vu leur pension figée à partir des années 1950, ce qui a conduit à leur accorder des droits amoindris. À la suite d’un long combat juridique, cette disposition discriminatoire a été supprimée des textes légaux. Cette « décristallisation » a cependant été très limitée dans les faits. Ses modalités d’application, le labyrinthe administratif à affronter, les distances à parcourir, le manque de relais contribuent à dégrader le quotidien de pensionnés aujourd’hui très âgés.
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