La littérature traitant de la criminalité commise par les femmes part bien souvent d’un constat statistique : celui du peu de criminalité des femmes. Outre des tentatives d’explication portant directement sur la fiabilité des chiffres, c’est la démarche de lecture elle-même de ces données statistiques qui constitue le fondement des débats et polémiques en criminologie : l’idée de comparer la criminalité commise par les hommes et celle commise par les femmes est-elle pertinente ou non ? Partant de cette comparaison, le traitement théorique de la criminalité des femmes, particulièrement la criminalité sexuelle, tend à ontologiser la différence des sexes – processus d’ontologisation d’autant plus fort lorsque l’analyse porte sur les raisons du passage à l’acte ou du non passage à l’acte des femmes. Sans échapper totalement à ce processus d’ontologisation, les théories féministes apparues aux alentours des années 1970 enrichissent, par la prise en compte de la question de l’identité, les réflexions aussi bien théoriques, qu’épistémologiques et politiques, sur le sujet. Après avoir présenté et discuté ces travaux, l’article propose, en se référant aux théories queers et à la psychanalyse, d’envisager une criminalité sans sexe a priori, où femme et homme ne renvoient pas unilatéralement, pour l’un au féminin, pour l’autre au masculin
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