On soumet à la réflexion les fragments inédits d'espace agraire situés en montpelliérais et répartis en 7 fenêtres d'observation d'un total de 113 hectares (ZAC Mermoz, Multiplexe, Transparence Lez-Lironde, Zone de Fret, Céreirède, Mauguio Sud). Pour l'Age du Fer la microrégion se caractérise par la présence de la cité de Lattara (niveaux anciens étrusques vers 500 av.J.C) dans un espace où l'habitat, archéologiquement insaisissable, est néanmoins largement dénoncé par la multitude des nécropoles. L'Antiquité lato sensu se signale en premier lieu par l'absence de ville et l'expression multipolaire d'un fait urbain latent qui ne cristallisera qu'autour de l'An Mil. L'Antiquité nous propose actuellement, et à l'instar du Néolithique final, un espace densément marqué au sol, reflétant une campagne densément mise en valeur où pullulent systèmes parcellaires, traces de vignes et nécropoles, où s'articulent 3 ou 4 réseaux cadastraux antiques (Nîmes A-Sextantio/Ambrussum-MTPL A/B-Nîmes B) mais où fermes et villas restent rares sans doute en raison d'une concentration. Considérant les fenêtres d'observation une à une et dans la diachronie on abordera en particulier les chemins, les systèmes d'orientations (une rose des vents quantifiée sera présentée), la typologie et la dissémination des faits funéraires, quelques réalités métrologiques, ainsi que des faits de bornage ou le jeu de points particuliers dans la longue durée. On soulignera des perspectives d'approche géométrique et de chronologie relative entre réseaux. Pour finir on examinera quelques exemples d'articulation spatiale entre Age du Fer et Gallo-romain sinon Antiquité Tardive. Comme en Nîmois on s'interrogera sur l'ancrage laténien profond de ces espaces agraires. Il existe deux archéologies, celle du point ou du site, où l'on se fixe volontiers, et celle de l'espace, ou du trait et de la série. Cette dernière est essentielle à la première, bien qu'elle requiert patience devant l'explication par le prochain cas, et humilité devant la mouvance des faits. Bien qu'aussi on y laisse généralement moins aisément son nom qu'à un oppidum ou à une grotte. C'est en s'interrogeant sur l'absence de ville romaine à Montpellier, sur un fait urbain ici multipolaire, sur sa relation au sel et à la cité étrusco-marseillaise de Lattara (Chartrain 2007), ou encore sur son glissement depuis la Via Domitia vers le littoral que nous avons été amené à examiner avec plus d'attention l'espace rural où se produisit une genèse urbaine en apparence tardive. Sauf exception, l'espace rural est le plus souvent pour l'archéologue un espace blanc ou transparent. Non substantiel, il se définit principalement à travers les relations entre des pôles, des points connus. Nous voudrions montrer aujourd'hui avec Montpellier combien l'espace rural tout autant que réseau est matière, combien il est réitération de faits, séries, permanence et glissement.