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Tocqueville demeure aujourd’hui une figure problématique de la tradition politique moderne. Certains penseurs se réclament de sa pensée pour défendre la liberté des Modernes alors que d'autres puisent à sa critique de la démocratie, assimilant celle-ci à une critique de la modernité. Si bien que Tocqueville a eu des lecteurs de tous les partis, en passant de Marx à Nietzsche. Cette ambivalence de l’enseignement tocquevillien illustre une dimension essentielle de la conscience politique européenne. En effet, cette Europe qui, au moyen de la révolution, a mis au monde, pour reprendre l’expression de Tocqueville, une humanité distincte, s’est trouvée tout à la fois enthousiaste et effrayée devant sa propre création. On a ainsi cherché à favoriser la formation de ce monde nouveau, tout en tentant de lui faire résistance. Je me propose de montrer que l’examen des questions que pose la clôture du politique permet de rendre compte de la position occupée par Tocqueville dans le champ politique et d'éclairer du même coup le sens de son acceptation prudente de la modernité.

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