Cet article vise è réouvrir un questionnement autour de l'appropriation du pouvoir en santé mentale, en examinant comment des contextes discursifs particuliers en modifient et enrichissent le sens. Il compare d'abord la signification de l'appropriation du pouvoir dans deux associations qui la situent au coeur de leurs programmes mais sont dans des positions contrastées face au système psychiatrique: l'Association québécoise pour la réadaptation psychosociale et le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ). Nous nous centrons ensuite sur le RRASMQ et comparons la définition et l'opérationnalisation de l'appropriation du pouvoir dans des documents définissant sa philosophie d'action et dans des discussions de groupes avec des intervenants et des usager(ère)s. Enfin, nous discutons les résultats d'une étude conduite avec 60 usager(ère)s et qui reconstruit la signification subjective et les implications des problèmes de santé mentale du point de vue de la trajectoire de vie des usager(ère)s ainsi que leur mode d'utilisation des ressources alternatives dans le contexte plus large de leurs démarches de recherche d'aide. Les résultats conduisent è une notion élargie de l'appropriation du pouvoir et amènent è mettre en cause la tendance actuelle è une homogénéisation des pratiques dans le domaine de la réadaptation psychosociale.

Une recherche qualitative réalisée au Québec dans des organismes non institutionnels en santé mentale qui se décrivent comme des ressources alternatives de traitement pourrait contribuer à reconsidérer la place et le rôle de certains aspects dans l'étude et l'évaluation d'un programme de traitement. Cette étude explore et compare le point de vue de différents acteurs sur le traitement proposé dans les ressources alternatives. Nous avons rencontré 17 personnes usagères, 17 intervenantes et intervenants et 9 responsables des ressources. La large convergence entre les différents points de vue accentue la portée des résultats qui se dégagent de l'étude. Certains résultats rejoignent les hypothèses d'une tradition en psychiatrie et d'une perspective de recherche qui s'intéressent l'une et l'autre à la contribution, en termes cliniques et thérapeutiques, de différents paramètres de l'environnement et de l'atmosphère d'un milieu de pratique.