La fin du xvii e et le début du xviii e siècle furent une période transitoire pour la Méditerranée orientale et les îles de l’Egée, marquée par le repli de la présence vénitienne et latine et l’établissement de l’administration et de l’État fiscal ottoman. La détérioration de la situation des élites latines de 1’« Archipel grec » (aujourd’hui les Cyclades) et le développement de nouveaux milieux sociaux par l’expansion du commerce insulaire et la réforme des organes communaux, impliquèrent aussi des transformations dans les structures de succession et d’exploitation de la terre ainsi que des changements dans la conception de la « famille » insulaire. A travers l’étude d’une large variété de sources, cet article propose de voir la dotation des femmes et des hommes dans l’Archipel grec dans la perspective des transformations du xviii e siècle. Si la dotation des femmes, observant souvent des règles de primogéniture, visait à la concentration et la protection des propriétés familiales et perpétuait par excellence un ancien imaginaire social, la dotation des hommes, qui gagna du terrain au xviii e siècle, par son caractère plus égalitaire, qui souvent transgressait les règles coutumières, ainsi que par sa fréquence dans les milieux viticoles et emphytéotiques des îles, représentait un choix stratégique moderne des petits et moyens propriétaires : la dot masculine faisant de plus en plus objet de copropriété et de co-exploitation entre parents et fils, elle devait porter remède aux crises sociales et économiques et répondre aux demandes des marchés méditerranéens du siècle, tout en annonçant une conception moderne de la parenté et du mariage dans l’Archipel grec.
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