À travers l’examen du processus d’admission exceptionnelle du séjour au titre du travail que met en place la circulaire du 28 novembre 2012, cet article entend montrer comment une politique de régularisation participe de ce que l’on peut qualifier de « politiques de la frontière ». L’analyse de cette politique amènera à examiner les mécanismes qui commandent une partition entre « bons » et « mauvais » travailleurs « sans-papiers », entre travailleurs régularisables et irrégularisables. Il importera ainsi de démontrer que la régularisation par le travail impose à celles et ceux qu’elle commande une discipline à observer, symptomatique de formes contemporaines de biopouvoir et participe de fait à un dispositif de sélection des migrant-e-s.
La circulaire Valls du 28 novembre 2012, qui, depuis cette date, régit l’admission exceptionnelle au séjour des étrangers en France, s’est imposée au fil des ans comme une règle de droit. Au nom du régime de l’exceptionnalité, ce n’est pas tant l’évaluation des situations que la mesure de la patience, de l’endurance, qui finit par justifier de régulariser les étrangers et les étrangères. Dans cette logique, la définition des critères de régularisation par le travail est l’enjeu de négociations entre la préfecture de Paris et la CGT.
La prise en charge des personnes étrangères mineures et isolées en Seine-Saint-Denis, d’abord guidée par l’impératif de protection de l’enfance en danger, s’est réorganisée autour d’un traitement différentiel fondé sur l’extranéité. L’analyse des archives départementales des services de l’aide sociale, réalisée dans le cadre du projet MINA 93 1 , restitue ce processus interne. Opposé à ce tournant, qui s’imposera comme un modèle dans nombre de départements, le Gisti a souvent dénoncé la dégradation des pratiques du 93, en particulier lorsqu’en 2011 2 , son président a choisi de laisser pendant des mois des enfants à la rue pour obtenir une aide de l’État.
À partir de l’étude locale d’un service de l’aide sociale à l’enfance dédié à la prise en charge de mineurs non accompagnés, cet article documente les manières dont la mise en œuvre de partenariats et de collaborations intersectorielles concourt au travail en protection de l’enfance. On montre que c’est à partir de la prise en compte des vulnérabilités de ces jeunes, autant du fait de leur condition de mineur que d’étranger, et des problématiques – parfois complexes – qui sont les leurs, que se mettent en place des dispositifs spécifiques et expérimentaux qui visent à un meilleur accueil et accompagnement, fondé sur le partenariat et la collaboration intersectorielle.
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