Résumé À Tours, ville largement dénuée de mouvement social, quelles conceptions « ordinaires » de la politique peut-on repérer dans des instances dites « de démocratie participative ? » Comment sont-elles, ou non, transformées à l’épreuve d’une pratique totalement institutionnalisée du débat public ? Cet article a pour fil conducteur la construction et l’usage de l’articulation entre individu(s) et collectif(s), parmi les habitants et les élus membres des Conseils de la vie locale. Si la légitimité de l’élu passe par la réduction des individus à une position d’habitants simplement présents, les citoyens-habitants semblent trouver dans un « collectif » pluriel et non univoque, progressivement constitué, davantage de légitimité à prendre la parole, s’exprimant soit au nom du collectif, soit en leur propre nom, mais comme des citoyens manifestement engagés dans l’espace public.
Que signifie exactement ce néologisme florissant, forgé depuis quelques années en France : « l'ethnicisation des relations sociales » ? Le succès de cette expression en France n'a d'égal que son absence dans les contextes anglo-saxons, où l'on ne trouve pas de traduction anglaise du terme, de même que dans les contrées francophones comme au Québec. C'est là un phénomène étonnant compte tenu des échanges désormais nombreux entre l'Europe et l'Amérique du Nord, notamment autour des questions de migrations, d'immigration et de relations interethniques, mais aussi en matière de politiques publiques visant la gestion de la diversité culturelle ou la lutte contre les discriminations. Nous proposons d'éclairer ici cet usage situé, son sens « social », son intérêt scientifique et ses implications théoriques et idéologiques. D'apparition récente, puisqu'on ne trouve pas d'occurrence avant 1995, cette notion d'« ethnicisation » semble être, au premier abord, un simple dérivé d'« ethnicité ». Mais les usages, on va le voir, troublent cette idée et nous incitent à clarifier sa généalogie ou ses conditions d'apparition. 2 Sens et usages de « l'ethnicisation » Revue européenne des migrations internationales, vol. 23-n°2 | 2010
El estudio de las relaciones inter-étnicas y del racismo en Francia Hélène BERTHELEU Los investigadores franceses que estudian las migraciones y las relaciones inter-étnicas pueden verificar la escasa articulación de sus trabajos con los realizados en torno al tema del racismo. He ahí dos objetos, dos tradiciones disciplinarias que, con sus referencias teóricas y sus problemáticas diferentes, se han desarrollado por separado. Esos dos campos de investigación no han adquirido la misma madurez : mientras que los trabajos sobre el racismo dan pie a numerosos ensayos teóricos, la sociología de las relaciones inter-étnicas sigue, demasiado a menudo, prisionera de una definición espontánea e ideológica. Por fin, es importante recordar lo que constituye la perspectiva y el objeto propio de este tema. Se observa entonces que la sociología del racismo y la de las relaciones inter-étnicas tienen un importante parentezco teórico (las dos aluden al mismo proceso de categorización y, por otra parte, se defienden contra el mismo esencialismo) aunque sea conveniente mantener una distinción entre relaciones inter-étnicas y relaciones raciales. Los procesos que obran en la construcción social de la raza y en la de la etnicidad no son los mismos y deben distinguirse so pena de una imprudente "trivialización" del racismo y de un desconocimiento de los resortes complejos de la etnicidad.
Effets et portée des mémoires des migrations Pour citer cet article : Hélène Bertheleu, « Reconnaissances situées et pluralisation du 'Nous'. Effets et portée des mémoires des migrations », Revue Communications, « Des passés déplacés », Editions du Seuil/ EHESS, 2017, n° 100 « Des passés déplacés. Mémoires des migrations », p.151-163. Quels sont les effets des multiples initiatives qui portent, directement ou non, sur les mémoires des migrations ? L'émergence de mobilisations sur cette question, les formes d'engagement qu'elles suscitent ainsi que le rôle et le profil des « entrepreneurs de mémoire » doivent être précisément décrits 1. Cet article propose d'aller plus loin en réfléchissant à la portée de ces initiatives individuelles et collectives. Si un certain nombre de productions culturelles matérialise aujourd'hui le fruit de ces engagements, comment interpréter leurs effets à plus long terme ? Trois questions méritent alors d'être posées ici. La première porte sur la reconnaissance située 2 qu'elles génèrent : tous ces projets participent-ils à une meilleure connaissance des populations issues de ces migrations et à leur reconnaissance au sein des territoires où elles se sont installées ? La deuxième interroge la passerelle entre mémoire et patrimoine : le travail mémoriel favorise-t-il une cristallisation de la mémoire collective telle qu'elle vienne nourrir un processus de patrimonialisation ? La troisième, enfin, pose la question des effets politiques de ces initiatives : les projets menés sont-ils l'occasion, pour des populations souvent silencieuses mais régulièrement « parlées » par les médias, de se manifester elles-mêmes et de prendre la parole ? Permettent-ils aux « concernés » de sortir de la discrétion ou plutôt du retrait 3 poli 4 attendu-exigé des « immigrés » ? Pour répondre à ces questions, plusieurs étapes s'imposent. Il faut d'abord disposer d'une vision fine des protagonistes, des acteurs impliqués dans ces projets mémoriels. A partir du sens de leur engagement et de leur vision de la situation, on parvient à déplier les relations et les connexions qui ont permis à des souvenirs, parfois intimes, à des attachements souvent enfouis, de venir nourrir une mémoire collective, portée dans l'espace public. C'est ce que nous allons clarifier dans une première partie.
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