Introduction
La propagation du
Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus-2
(SARS-CoV-2) responsable de la
Coronavirus Disease 2019
(COVID-19) a provoqué une crise sanitaire majeure. Si les signes cliniques, biologiques et scanographiques du COVID-19 ont été largement rapportés, on manque d’informations sur les patients ayant une suspicion de COVID-19 qui s’est révélée négative. L’utilisation de techniques de diagnostic avec un résultat rapide permet une orientation de plus en plus précoce, mais leur non-disponibilité et/ou les potentiels faux négatifs rendent nécessaires une meilleure distinction des patients avec une suspicion de COVID-19 non confirmée (SCNC) de ceux atteints de COVID-19. L’objectif de cette étude est de décrire et de comparer ces deux populations. Ceci doit permettre d’optimiser l’orientation et la gestion des patients suspects de COVID-19 requérant une hospitalisation pour limiter le risque de perte de chances.
Matériels et méthodes
Une partie des patients avec indication d’hospitalisation pour suspicion de COVID-19 a été incluse rétrospectivement, du 23 février au 28 avril 2020. Le statut de SCNC était retenu lorsque la RT-PCR COVID-19 était négative et que le diagnostic final retenu était autre. Les données cliniques, biologiques et scanographiques, ainsi que les diagnostics finaux ont été recueillis. Ces données ont été comparées à celles des patients COVID-19 hospitalisés sur la même période.
Résultats
Parmi les 152 patients SCNC hospitalisés inclus, la moitié avait plus de 70 ans. Les comorbidités principales étaient l’hypertension artérielle (
n
= 63 ; 41,5 %), les maladies pulmonaires chroniques (
n
= 32 ; 21,1 %) et les cardiopathies ischémiques (
n
= 21 ; 13,8 %). Parmi les diagnostics finaux, 65 avaient une maladie infectieuse (42,7 %) : 38 infections respiratoires (25 %), 12 bactériémies (7,9 %) et 7 infections urinaires (4,6 %). Treize avaient une décompensation cardiaque (8,6 %). Ils avaient eu en moyenne 1,3 (0,7) RT-PCR.
Comparés aux 222 patients COVID-19, les patients SCNC étaient plus souvent fumeurs (
n
= 28 [27,2 %] vs
n
= 8 [4,4 %],
p
< 0,001). Ils présentaient cliniquement moins de fièvre (
n
= 78 [51,3 %] vs
n
= 169 [76,1 %],
p
< 0,001), moins de toux (
n
= 76 [50,7 %] vs
n
= 146 [63,8 %],
p
< 0,003) et moins de signes digestifs (
n
= 18 [11,8 %] vs
n
= 66 [29,7 %],
p
< 0,001). Les taux de fibrinogène (g/L) et de CRP (mg/L) étaient significativement plus bas chez les SCNC avec des médianes respectives à 5,3 (4–6,5) vs 6,0 (5,3–6,...