Le genre de la maladie en Chine En tant que matérialisation-support d'une identité, le corps sert de point de départ à un travail sur la représentation qui fait intervenir tout un ensemble de disciplines et de paradigmes, décliné en fonction d'approches spécifiques. 1 C'est, en général, essentiellement dans sa dimension souffrante qu'il est appréhendé, une souffrance qui fait jouer la question du genre et se conjugue de façon différente au masculin ou au féminin. Les rapports entre maladie et femmes ont donné naissance à un genre de la maladie qui s'est constitué, en Chine, sur plus de 2000 ans. Sur un plan extradiégétique, ils concernent la manière dont les maladies touchant les femmes sont abordées sur un plan culturel et médical et, sur un plan intradiégétique, la manière dont les femmes ont géré ce rapport à la maladie. Pour ce qui est du statut culturel de la maladie, il existe, en Chine, depuis le III e siècle de notre ère une « médecine des femmes », qui s'est surtout développée et institutionnalisée à partir du X e siècle. Contrairement à ce qui s'est passé en Occident dans le domaine médical, la construction de la différence ne s'est pas faite en Chine uniquement sur une différence biologique, elle s'est appuyée sur les principes du Yin et du Yang, principes masculin et féminin fondateurs d'une conception du monde, qui ont coexisté avec le sentiment de leur nécessaire complémentarité. Cette conception du monde, basée sur une partition entre deux principes complémentaires, a nécessairement joué un rôle dans la mise en place et le statut de cette médecine des femmes puisque ces principes sont également à la base de la médecine chinoise, et que c'est de leur équilibre que dépend la santé. 2 Mais ils n'échappent pas pour autant à la hiérarchie, une hiérarchie déterminée par la tradition confucéenne régissant l'ordre social, selon laquelle les individus se
Pionnières en Chine par le choix qu’elles font de suivre des études supérieures, Su Xuelin et Chen Xuezhao le sont aussi par leur décision de partir à l’étranger pour cela, à une époque où peu de femmes se lancent dans l’aventure. Elles se singularisent également par leur destination, la France, alors peu fréquentée par les étudiants chinois (et par un nombre encore plus limité d’écrivains). Intellectuelles de premier plan, elles se consacreront essentiellement, pour l’une, à l’histoire et à la critique de la littérature chinoise (Su Xuelin) et, pour l’autre, au journalisme (Chen Xuezhao).
Venues en France pour des raisons radicalement différentes, elles transcrivent toutes deux cette expérience sous forme de roman, Jixin [Des épines dans le cœur] pour Su Xuelin et Nanfeng de meng [Le rêve du vent du sud] pour Chen Xuezhao, publiés l’un et l’autre en 1929. Et c’est précisément par ce choix que Su Xuelin et Chen Xuezhao, atypiques par leur parcours, se montrent représentatives du questionnement identitaire des femmes en Chine au cours des années 1920, questionnement qui les amène à une prise de conscience d’elles-mêmes, une construction identitaire qu’elles partagent avec leurs compatriotes, malgré - ou grâce à - leur parcours si éloigné de celles restées sur place, un parcours marqué par l’exil.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.