Le pass Culture est présenté comme un avatar du renouveau des politiques culturelles et symbolise la « culture » du nouveau monde. S’il est encore trop tôt pour faire le bilan de ce qui est encore une expérimentation, on peut toutefois légitimement s’interroger sur le sens de cette supposée innovation. Des questions se posent en effet à plusieurs niveaux : les valeurs qui sont censées être au cœur de ce dispositif, la conception conventionnelle et datée (malgré le tropisme technologique) de la « culture » où se mêlent des relents malruciens, le jeunisme languien et la fascination européenne pour les industries culturelles et créatives. Mais c’est également au plan opératoire que des interrogations se font jour : l’introduction dans le secteur culturel du new public management et ses effets sur la définition et la construction des politiques culturelles, la place des opérateurs privés, le statut et le périmètre des « acteurs culturels », et in fine la conception même du destinataire de cette démarche, le jeune de 18 ans, envisagé moins comme un « usager du service public de la culture » (référence en voie d’obsolescence) que comme un consommateur libre de ses choix individuels. Derrière l’invocation rituelle à l’« épanouissement » et à l’« autonomie » du jeune, c’est bien la contribution de la « culture » à des formes de socialisation démocratiques qui est en jeu.
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