Cet article présente la pratique de la visite domiciliaire aux pauvres telle qu’elle a été conçue par le baron de Gérando en France et ses contemporains européens, en particulier Thomas Chalmers et Daniel von der Heydt. Il rappelle que le schéma de la visite aux pauvres s’inscrit, au xix e siècle, dans un vaste mouvement de rationalisation du geste charitable ; il souligne également que ce procédé relève d’une volonté de contrôler les familles déshéritées, mais aussi de mieux les connaître afin d’échafauder une véritable science de la pauvreté ; il s’interroge enfin sur la persistance ou, plus exactement, la rémanence de cette pratique, qui a survécu à la disparition des conditions de sa mise en œuvre.
Résumé Dans cette introduction au dossier de Communications consacré aux « pauvretés », on évoque la pluralité des configurations historiques et sociales dans lesquelles se déploie une notion qui n’est en rien univoque. À partir d’un ancrage dans les pays occidentaux, et plus particulièrement d’Europe et des États-Unis, l’article pointe les métamorphoses des formes et significations de la pauvreté. Il fait apparaître un effacement de cette notion au profit de celles de travailleur ou de citoyen, sous les auspices de l’État social, effacement qui a précédé un renouveau de sa centralité depuis trois décennies. Il souligne l’importance cognitive, sociale et politique que revêt désormais la pauvreté en tant que catégorie d’action publique. Celle-ci est en effet le pivot d’une transformation de l’État social dans le contexte néolibéral. En tant que telle, elle occulte la diversité du phénomène et la pluralité des mécanismes qui le produisent.
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