Résumé Dans Politiques de la nature , Bruno Latour critique l’écologie politique : elle s’en remet à des experts afin de clore les débats qu’elle ouvre, et tombe en fait dans des « embarras de paroles » qui révèlent que les oppositions sur lesquelles elle se fonde sont toujours déjà dépassées ; l’homme n’a cessé de faire proliférer autour de lui des objets hybrides, où s’entrelacent nature et culture. Il faut donc mettre en forme les procédures parlementaires par lesquelles on doit, si l’on pense comme collectifs les rassemblements humain/non-humain que le monde techniquement aménagé multiplie, donner la parole à tous les membres de la « collecte ». Cette proposition est à la fois proche et éloignée de la pensée sartrienne ; proche en ce que Sartre construit lui aussi une théorie des « collectifs » contre les pensées abstraites, proche en ce qu’elle rejoint, sans le dire, des positions que Lévi-Strauss critiquait chez Sartre — mais éloignée en ce que Sartre propose, lui, d’aborder en matérialiste la réalité du monde, qu’il nomme « pratico-inerte », et se méfierait sans doute de la figure « parlementaire » que Latour promeut.
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