Le présent texte n’est pas le fruit d’une théorie sociologique éprouvée. Il s’agit plutôt d’un questionnement exploratoire sur l’apport de la sociologie à la formation et la pratique des infirmières dans le contexte de la mondialisation. Notre propos porte plus précisément sur le décloisonnement des disciplines et de l’apport de l’interdisciplinarité. À cet égard, nous mettons en perspective une nouvelle approche conceptuelle appelée « l’approche socio-environnementale de la santé » (Bouchard et ses collègues ; 2002) qui permet d’introduire et d’ interroger des notions comme la gouvernance, la mondialisation, le capital social, la qualité de vie et des soins. Cet ensemble conceptuel n’est pas exhaustif ni même homogène. Il permet seulement de réfléchir aux enjeux qui se présentent à nous dans le développement de la pratique des soins infirmiers ; enjeux qui nécessitent un décloisonnement disciplinaire.
Les infirmières cliniciennes québécoises sont parmi les premières à avoir acquis le droit de prescrire au Canada. Celles qui œuvrent en santé sexuelle semblent avoir été cantonnées dans une pratique biomédicale hétéronormative. L’objectif de l’étude était de faire ressortir les limites de ce nouveau rôle relativement à la médicalisation et l’homogénéisation de leur pratique jugée hétéronormative. Le cadre théorique et conceptuel de la santé sexuelle repose sur le biopouvoir et l’hétéronormativité. Cette recherche qualitative utilisant une approche en phénoménologie herméneutique a été réalisée à l’aide d’entrevues semi-dirigées auprès de neuf (N=9) infirmières prescriptrices de la région des Laurentides au Québec. Les résultats montrent bien que la quête d’une approche biomédicale pour assurer la pratique s’avère liée à l’expression d’un biopouvoir et que le travail auprès de populations symptomatiques, plus complexe et laissé aux médecins, accentue l’homogénéisation de la patientèle (jeune, blanche, hétérosexuelle) révélant une certaine hétéronormativité de la pratique infirmière.
Objet
: Notre étude met en lumière des différences importantes, en matière de culture et de certification éthique, entre les institutions de santé et les institutions du savoir. Ces différences sont à la source de maintes difficultés que nous avons rencontrées dans l’établissement de tels partenariats en matière d’éthique de recherche.
Méthodologie
: Une étude de cas a permis d’examiner ces difficultés à travers les demandes éthiques de six cohortes de finissants effectuant un « stage » dans un programme de santé offert par plusieurs universités partenaires en Ontario (Canada). Cette étude de cas a donné lieu à l’analyse de 78 dossiers établissant un tableau composé d’indicateurs identifiant les problèmes rencontrés dans la mise en application des règles éthiques de l’Énoncé de Politique des Trois Conseils (ÉPTC1 et 2).
Résultats
: Il s’est avéré que les difficultés rencontrées étaient généralement moins engendrées par la méconnaissance des exigences gouvernementales des règles de l’ÉPTC1 et 2 que par une culture de l’autonomie au sein de certains corps professionnels, notamment ceux impliqués dans les recherches cliniques, particulièrement en ce qui concerne l’utilisation des données secondaires et l’absence de consentement explicite aux fins de telles recherches.
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