Le prisme de l'oral et de la voix a longtemps été considéré comme le critère discriminant dans l'approche de la ponctuation. Ainsi, le point de vue phonocentriste plaçait la question de la respiration au coeur des enjeux et faisait des signes de ponctuation des marqueurs prosodiques en lien avec le souffle et le corps 1 . Il est évident que l'encodage de l'oralisation ne suffit pas à rendre compte du fonctionnement de la ponctuation ; l'oral ne peut être, comme le dit Anne-Marie Christin à propos de l'écriture, « la référence ultime et exclusive de l'écrit » 2 .Sur un plan diachronique, l'examen des discours des linguistes et grammairiens montre que, contrairement aux idées reçues, la réflexion sur cette « pratique impure » 3 qu'est la ponctuation ne s'est pas toujours cantonnée à l'approche prosodique. Depuis les premiers traités, jusqu'aux courants phonograhique (Catach, Védénina) et autonomiste (Anis) est perceptible un infléchissement constant vers une forme d'encodage grammatical. Ce parcours nous amène alors à poser l'hypothèse suivante : il existe un mouvement d'inclusion progressive des signes de ponctuation dans le système de la langue. Dans une telle dynamique, la proposition de Jacqueline Authier-Revuz (1995) d'établir, pour chaque signe de ponctuation, un signifié ou une « valeur en langue » pourrait constituer un moment décisif dans l'évolution des modes d'appréhension. Des travaux de recherche plus récents encore -Lefebvre sur la note Nous souhaitons sonder ici plusieurs aspects relatifs à l'évolution du discours sur la ponctuation, d'un point de vue fonctionnel d'abord, en lien avec les différents rôles attribués aux éléments ponctuants (respiratoires, pausaux, syntaxiques), puis sémiotique, en interrogeant les notions de signe et de valeur. Cette étude de la morphogénèse 7 de la ponctuation nous conduira à investir la notion de syntaxicalisation et de grammaticalisation. Est-il possible d'intégrer l'évolution des signes de ponctuation dans un processus plus global de transformations linguistiques ? SyntaxicalisationUne approche détaillée des discours sur la ponctuation met en évidence le fait que les critères syntaxique et sémantique n'ont jamais été complètement ignorés des commentateurs. Nous nous proposons d'effectuer, dans un premier temps, une synthèse diachronique mettant en avant quelques descriptions particulièrement éloquentes.A partir du XVII e siècle, le système élaboré par les grammairiens est fondé sur des éléments grammaticaux : de nombreux commentateurs pointent alors la contradiction qui existe entre l'emploi du terme « pause » -perçu comme une notion orale -par ces mêmes grammairiens et les systèmes mis en place. Selon nous, ces contradictions peuvent être résolues en interrogeant véritablement le spectre sémantique du mot « pause » ; ce dernier semble beaucoup plus large qu'on veut bien le croire, pouvant intégrer des notions de segmentation syntaxique et de coupure sémantique.
L’évolution des modes d’appréhension de la ponctuation, au fil des siècles, avec l’intégration progressive de considérations syntaxiques et sémantiques, peut être inscrite dans un mouvement global de grammaticalisation. Ce processus d’encodage a très certainement permis l’émergence d’un questionnement contemporain sur le statut sémiotique des signes de ponctuation : Marques ? Signes ? Signes linguistiques ? Signifié et signifiant ? Si l’on admet, comme le suggère J. Authier-Revuz, qu’il existe une valeur en langue pour chaque signe de ponctuation, celui-ci, considéré dès lors comme une unité du système sémiotique, pourrait véritablement s’inscrire dans la langue écrite (sémiotisation). La proposition portant sur la valeur ou le signifié en langue impose de repenser clairement l’extension de la ponctuation (du mot au texte) et la question des niveaux linguistiques (du graphème à la phrase) ; une telle formulation permettrait sans conteste de clarifier les enjeux, de dépasser le clivage norme/usages pour mieux décrire et interpréter, à partir d’une valeur minimale commune, les signes de ponctuation et la pluralité de leurs interprétations discursives.
J'ai repris […] le terme épilinguistique pour montrer que l'activité épilinguistique dégagée par Culioli peut entraîner toutefois des discours autonomes sur les formes langagières par tous les locuteurs (y compris les linguistes), nous autorisant à concevoir les discours épilinguistiques comme une catégorie recouvrant aussi les discours métalinguistiques, quelle que soit leur objectivation scientifique. Ils caractérisent donc tout type de discours autonome sur les langues ou les pratiques. Ces discours ne peuvent, en eux-mêmes, nous dire tout du langage puisque, fondamentalement, c'est dans cette part qui échappe au chercheur que se loge la relation singulière du sujet au langage faite d'abord de sentiments, d'impressions et d'imaginaires 2. C'est à cet imaginaire linguistique, à ce sentiment 3 de la ponctuation que nous souhaitons nous attacher. Dans la mesure où tout discours n'est jamais pris « dans un fonctionnement autarcique » mais reste « adossé à la langue, aux discours préexistants et contemporains, au(x) genre(s) dont il relève, traversé par ces réalités diverses » 4 ,
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