En 2014, le parti écologique d’Éric Piolle remporte les municipales grenobloises. Il accepte de soutenir un nouveau festival, le Grenoble Street art Fest’. Ainsi, depuis 2015, les murs se couvrent d’images fictionnelles inédites et renouvellent l’étiquetage de la cité : elle est à la fois « branchée » et « populaire », attractive et accessible à tous. Comme toute initiative s’inscrivant dans le domaine public, celle-ci est lue tantôt de manière positive (ce festival serait un outil de valorisation territoriale, de cohésion sociale luttant contre les fragmentations spatiales), tantôt de façon critique (il déconsidérerait certains graffeurs, relèverait d’une faible qualité artistique). Quoi qu’il en soit, le festival devient prétexte pour questionner le rôle des images de rue in et off. Elles permettent d’analyser une façon dont peuvent se construire les territoires.
Cet article propose d’analyser les stratégies spatiales de plusieurs femmes musulmanes, se définissant comme « libres et voilées », militant dans une association d’éducation populaire politique. Dans un contexte sans cesse renouvelé de « lutte pour des places » (Lussault, 2007), elles mobilisent des ressources spatiales pour accroître une visibilité qui leur est souvent soit déniée, soit imposée par des « cadres normatifs majoritaires » (Chassain et al. , 2016). Minorisées, elles permettent pourtant un « travail du commun » (Nicolas-Le Strat, 2016) en menant une lutte politique. Leur engagement avec et dans l’espace public ouvre des perspectives pour réfléchir plus globalement aux conditions de la construction du commun, sans évacuer l’approche agonistique.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.