Le département des Estampes et de la Photographie a reçu un don exceptionnel de cinquante dessins, cinq sérigraphies et dix albums tous issus de la scène graphique underground, des décennies 1980 à 2000. Le plus souvent ces oeuvres ont été acquises au cours d'expositions au Regard moderne, au Monte en l'air, directement auprès de l'artiste ou via Internet, le donateur étant un grand amateur de l'édition alternative. Cette donation, qui s'ajoute aux cent dix entrées courantes et vient ainsi enrichir la collection des sept cents zines, mais surtout, permet une approche esthétique voire historique de la collection, en confrontant le dessin original à sa version publiée. Arrêtons-nous sur quelques pièces représentatives de cette donation : L'Orchestre, une encre de Chine et gouache en couleurs de Killofer, illustrant en mai 1998 la couverture d'Aden (supplément du Monde et des Inrockuptibles). La composition montre les musiciens en pleine représentation, non dénuée d'humour, si l'on s'arrête sur la violoncelliste. En 2011, Killofer, a exposé au musée de l' Abbaye Sainte-Croix des Sables-d'Olonne et à la galerie Anne Barrault ; une scène à l'encre de Chine de Pierre Francon alias Saturnin, dont malheureusement nous n'avons aucun renseignement biographique. Nous avions déjà remarqué son travail lors de la parution de son livre Bectance, en 2000, chez Gotoproduction. En couverture de ce numéro des Nouvelles de l'estampe, un inquiétant guerrier, armé jusqu'aux dents, au centre d'un paysage urbain apocalyptique, digne d'un après-11 septembre. Ce dessin de Captain Cavern, un ensemble de dix-neuf albums. D' Agnès Beuneux, L'Eau et la vie, une sérigraphie en noir sur plastique transparent, rehaussée sur l'envers, à la peinture de couleur, à la manière d'un vitrail et Il fait pas beau aujourd'hui j'ai mal à la tête, une édition Fais-le toi-même si t'es pas content ; de Stéphane Blanquet, La Vie moderne, un dessin critique sur la surpopulation, les centrales nucléaires, les déchets, et l'envahissement des véhicules, ainsi qu'une sérigraphie Le Géniteur de 2006 ; de Romain Slocombe, un double dessin de ses « traditionnelles » jeunes femmes asiatiques, bandées et plâtrées ; de Fredox, un photomontage numérique imprimé sur papier photo, qui n'est pas sans rappeler Stronx, un graphzine protéiforme ayant paru entre 1992 et 1998 (nous manque le n°1) ; du Japonais Daisuke Ichiba, une encre format A3, scène d'une femme nue boxant contre une créature et, un autre couple, dessin au feutre de UG, une mécanicienne nue réparant les « parties » d'un robot, visiblement pas insensible, même s'il est en tôle ! ; de Y5 /P5 une mégalopole (Paris) au bord de l'asphyxie et comme sortie d'un Blade runner dessiné ; de Thierry Guitard, deux encres, l'une parue en 2004 dans Nuit amère, livre autoédité en sérigraphie en couleurs et l'autre titrée Qui entre

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En complément à l'article de Thierry Gervais, il a paru utile de publier un dossier qui présente les ateliers de Fanny Boucher et Rémy Bucciali, ainsi que le travail de Tony Soulié.Les deux premiers cités nous paraissent en effet illustrer de façon particulièrement convaincante la contribution que peuvent apporter les imprimeurs spécialisés dans les techniques traditionnelles que sont la photogravure et l'aquatinte à des discours artistiques concernés par la recherche de voies nouvelles.Cette démonstration devient éclatante quand ces techniques se combinent, comme s'y employèrent F. Boucher et R. Bucciali, jusqu'à une date récente, pour favoriser les créations de Tony Soulié, qui ne pourraient se passer ni de l'une ni de l'autre.Fanny Boucher et l'atelier Helio'g. L'Héliogravure, entre gravure et photographie Fanny Boucher a créé l'atelier Hélio'g en 2000. Ancienne élève de l'École Estienne, elle a appris les techniques de l'héliogravure auprès de Jean-Daniel Lemoine, spécialiste des procédés photomécaniques du XIX e siècle. Après de nombreuses recherches, elle s'est spécialisée dès 1998 dans le procédé Talbot-Klic de l'héliogravure au grain, contribuant ainsi à la réapparition de cette technique tombée en désuétude. Dès 2002, elle a commencé à créer ses propres films positifs demi-teintes à partir de fichiers numériques, anticipant la raréfaction des films argentiques et offrant ainsi aux artistes une plus grande liberté dans le travail de l'image. Fanny Boucher a travaillé aussi bien avec des peintres que des photographes parmi lesquels on peut citer Jean-

Cf. l'article que consacre Hélène Koehl à cette acquisition dans le présent numéro. 2. Propos tenus par l'artiste en 2008, cités dans le document accompagnant l'exposition David Hockney, Drawing in a printing machine. Galerie Lelong, Paris, du 17 janvier au 2 mars 2013. 3. Cette donation avait été présentée dans l'exposition Barry Flanagan : estampes présentée à la Bibliothèque nationale de France du 7 mars au 18 mai 1996 (catalogue établi par Emmanuel Pernoud et Caroline Joubert).