RésuméCet article présente une synthèse des résultats obtenus par une étude internationale menée pendant quatre années sur la conjoncture des années 1300 dans le monde de la Méd.terranée occidentale chrétienne. Il en ressort une image fortement diversifiée. Géographiquement diversifiée : coexistent des régions «émergentes» en plein développement et d’autres dont les ressorts semblent usés. Et socialement diversifiée : les nouveaux chemins de l’économie et de la politique bouleversent les équilibres traditionnels, mettent à mal les anciennes formes de richesse et créent de nouvelles stratégies gagnantes. À la différence de l’Europe du Nord, l’Europe méridionale n’a pas connu la grande famine de 1315. Il n’y a pas, au Sud, de disette généralisée sauf en 1347. Les disettes y sont dues aux distorsions du marché plus qu’à la chute de la productivité des terres cultivées. L’urbanisation y est en pleine puissance et pèse sur les circuits d’approvisionnement. Le commerce pénètre partout et dans tous les milieux, notamment à partir d’un réseau de petites villes qui s’est densifié au cours du XIIIesiècle. Rien n’indique un réel manque de monnaie : le crédit, omniprésent, y supplée mais contribue à redistribuer les cartes économiques et sociales.
Le « mas », très rare en Catalogne nord-orientale avant la révolution féodale, est surtout une création de la fin du XIe et du XIIe s. La disparition des alleux paysans et l'hégémonie de la tenure à parts de fruits sont les conditions dans lesquelles on voit apparaître le « mas », nouvelle unité de prélèvement foncier avec l'adjonction souvent d'exactions banales. Par le biais des acensements, les seigneurs parviennent à imposer aux hommes du « mas » des conditions de plus en plus contraignantes visant au contrôle du groupe familial : succession obligée, mariages forcés, limitation du droit de quitter la tenure, bref l'asservissement de ses habitants.
Histoire du rachat (en catalan «remença»), une caractéristique majeure de la servitude catalane, à partir des premières chartes qui en attestent le paiement, depuis 1128, dans le diocèse de Gérone. Les chartes de rachat sont un document requis pour pouvoir quitter une seigneurie et s’installer dans une autre et son succès est dû en grande partie au fait qu’elles étaient réclamées par les seigneurs d’accueil. Mais l’exigence du rachat n’était pas destinée à retenir les paysans voulant partir ; elle était surtout un instrument pour faire face à une mobilité paysanne accrue dans un contexte de multiplicité des seigneuries et d’essor des villes nouvelles. Les seigneurs des villes ont parfois signé des accords avec leurs voisins pour bien encadrer les transferts de population. Les rois qui avaient aussi exigé des rachats dans leurs domaines sont parfois tentés d’encourager leurs villes avec des exemptions du rachat. Finalement, en 1283, le roi signe son accord formel à ne pas accepter sur ses domaines d’hommes qui n’auraient pas payé leur rachat.
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