Nous témoignons d’une pratique d’atelier d’écriture au sein de l’hôpital psychiatrique, et comment celle-ci participe à la construction d’un « quelqu’un » et d’un « quelque part ». Avant d’être un « atelier thérapeutique », il s’agit d’un espace collectif où il est possible d’écrire ensemble. Articulant parole, écriture et silence, un processus vocal est engagé, qui met au travail la question de l’adresse. À partir de plusieurs rencontres cliniques, nous témoignons comment cette écriture collective convoque et transforme le corps, comment la fiction déplace les coordonnées du délire. La fonction d’accueil de l’atelier d’écriture, pensée à partir de la « porte ouverte », des « détours » et d’une « disponibilité », nous permet de dégager l’enjeu éthique et politique de cette pratique.
Penser « l’habiter » à partir d’une perspective psychanalytique implique d’envisager le rapport humain au lieu en dehors des frontières habituelles de l’espace matériel et admettre l’existence de « hors-lieux » psychiques pourtant investis par le sujet. Par un cheminement qui va des paradoxes de « l’intime » à la notion lacanienne « d’extime », nous proposons de parcourir une géographie psychique singulière : celle de Monsieur H et sa fabrication d’un « terrier pour habiter ». Malgré un rapport au corps et à l’autre en souffrance, son expérience témoigne d’une tentative ingénieuse et acharnée « d’habiter le transfert », à entendre à la fois comme un espace et un mouvement ouverts entre deux êtres.
Habiter a-t-il toujours pour horizon la constitution d’un espace circonscrit, d’un « chez-soi » ? Il existe un inconfort essentiel dans tout habiter humain, à l’origine de nombreuses impasses cliniques dans les pratiques actuelles de réinsertion par le logement. L’œuvre de Henri Michaux, lue à partir de Freud, de Lacan et de Foucault, questionne les frontières entre le dedans et le dehors, entre moi et l’autre, et pointe que l’habitation du sujet n’est jamais toute. Il s’agit de penser les modalités de l’habiter dans leur rapport à la folie et aux normes, ceci afin de dégager une certaine « éthique de l’habiter ».
Marie Langer, psychanalyste autrichienne contemporaine de Freud, militante marxiste et féministe, exilée en Argentine puis au Mexique, est une figure pionnière de la psychanalyse. Sa vie et son œuvre ont été orientées par cette question : comment concilier la psychanalyse avec la lutte sociale ? Sa critique de la dite « neutralité » de l’analyste rappelle avec force le risque constant de basculer vers une pratique « neutralisante ».
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