What is a just society? The answer according to the Socialistes Fraternitaires Louis Blanc, Constantin Pecqueur, and François Vidal. QU'EST CE QU'UNE SOCIETE JUSTE ? La réponse des Socialistes Fraternitaires autour de 1848 (Louis Blanc, Constantin Pecqueur, François Vidal) Ludovic Frobert CNRS/TRIANGLE Louis Blanc est sans doute l'un des plus importants représentants de la génération des socialistes français qui occupèrent le devant de la scène politique et économique au tournant de 1848. Ses articles et essais, notamment Organisation du travail, furent au coeur des polémiques passionnées du tournant des années 1840 et lors du printemps 1848, enfant terrible du gouvernement provisoire de la République, il fut le principal instigateur, avec ses collègues Constantin Pecqueur et François Vidal qu'il avait appelé à ses côtés, de l'expérience pionnière de la Commission du Luxembourg. Là, durant quelques semaines cruciales, ces trois socialistes s'employèrent à jeter les bases d'une nouvelle conception, plus fraternelle, des rapports sociaux. Cet article tentera de démontrer que ce trio de Socialistes fraternitaires eu pour intention prioritaire d'apporter un ensemble de réponses cohérentes, tant théoriques que pratiques, à la question : qu'est ce qu'une société juste ? Confrontés aux maux de la société de leur temps, et face aux lacunes des discours économiques tant libéraux que protectionnistes, ils estimaient indispensables d'agir 1 en formulant un modèle complet de justice sociale, présentant des énoncés prescriptifs, normatifs et évaluatifs sur les principes et les institutions (mais aussi les comportements) d'une société juste. Portés au pouvoir au lendemain de la révolution de 1848 ils tentèrent de composer un programme de réforme pour des temps de transition qui fut en accord avec leur modèle. Après une courte présentation du profil biobibliographique de ces trois auteurs (I) nous aborderons la part critique de leurs oeuvres. Si, selon eux, le régime libéral de la Monarchie de Juillet produisait de tels fléaux-crises économiques, paupérisme, inégalités vertigineuses-, c'était, en raison de l'absence de tout principe directeur et du choix de ne pas gouverner, i.e, de laisser la société commandée par les hasards du fonctionnement aléatoire des marchés (II). Face à cette absence de choix, Blanc, Pecqueur et Vidal revendiquaient la nécessité de définir l'idéal ou l'utopie qu'ils concevaient comme une réflexion fondamentale sur la justice permettant, en aval, de guider la réforme sociale (III). Dès lors, il leur revenait de définir des principes de justices (IV) puis de signaler comment ces principes pouvaient permettre de concevoir les institutions d'une future société juste, mais aussi, au présent, de travailler à la réforme des institutions économiques (V). Nous tenterons finalement en conclusion de proposer, prudemment, quelques rapprochements entre ces réflexions qui firent éclosion autour de 1848 et les théories modernes de la justice.