RésuméLe maintien ou la construction d'une relation de couple constitue une ressource identitaire pour faire face à l'infection à VIH et un soutien fort pour faire face à la maladie. Si en population générale, à l'âge adulte, la vie en couple constitue le cadre principal de la vie affective et sexuelle pour les hétérosexuels, chez les homosexuels, i l n'est pas le mode dominant, en dépit d'une augmentation, puis une stabilisation survenue dans la mouvance des changements profonds suscités par le sida dans les deux dernières décennies.Sur la base des données de l'enquête Vespa réalisée en 2003, cet article porte sur les déterminants démographiques, sociaux, comportementaux et médicaux de deux modalités de la vie de couple, avec et sans cohabitation, chez les femmes hétérosexuelles, les hommes, homo, bi ou hété-rosexuels, soit 2 900 personnes. Chez les hétérosexuels, la progression de la maladie et la perte du conjoint se marquent dans une absence de vie de couple. Chez les homosexuels, celle-ci apparaît plutôt comme un style de vie « choisi » en regard d'une vie sexuelle marquée par un nombre élevé de partenaires. A la différence des femmes et des homosexuels masculins, les hommes hétérosexuels ont plus de chances de maintenir une vie de couple en avançant en âge. Le profil des personnes en couple sans cohabitation se rapproche de celui des personnes seules.Mots clés : relation de couple, hétérosexuels, homosexuels, femmes.L'infection par le VIH reste, malgré les traitements très efficaces, une maladie grave qui entrave les projets personnels pour de nombreuses personnes atteintes. Ce poids est particulière-ment marqué dans le domaine affectif et sexuel : c'est en effet dans la sexualité que l'infection se rappelle en permanence par la menace de la transmission, comme un obstacle à la spontanéité de l'élan amoureux et sexuel [1]. Certaines personnes font l'expérience directe d'un rejet ou d'attitudes négatives de la part de leur partenaire mais, de façon plus insidieuse, la qualité de la relation de couple peut être altérée par le ressentiment, la frustration ou le sentiment de la personne atteinte de ne pas être en mesure de satisfaire les besoins ou les attentes de son partenaire. Souvent, l'infection est également présente chez l'autre partenaire du couple. Si cette condition partagée peut constituer un soutien, elle peut aussi être porteuse d'une inquiétude supplémentaire pour l'autre, confronté à l'aggravation de la maladie ou en redoutant la survenue. Enfin, nombre d'entre eux ont été confrontés à la mort prématurée de leurs conjoints ou partenaires, surtout dans les générations plus anciennes ou parmi ceux qui viennent de pays où les traitements ne sont pas disponibles.La transmission sexuelle du virus a conduit à mettre l'accent, dans la recherche comme dans le discours préventif, sur les comportements sexuels, sur l'acte sexuel et les facteurs associés aux pratiques préventives au détriment de la dimension affective et sociale de la sexualité qui contribue à en faire une ressource identitaire, sociale et...