Entretien avec Benjamin MORON-PUECH et Mila PETKOVA
RepèresLes personnes intersexuées sont caractérisées par le fait que leurs caractéristiques sexuées ne correspondent pas aux stéréotypes féminin et masculin. Pour cette raison, elles font encore et toujours très souvent l'objet de discriminations graves et répétées tout au long de leur vie. Selon les chiffres retenus par l'Organisation des Nations Unies (évaluation haute), les personnes intersexuées représentent 1,7 % de la population totale 2 c'est-à-dire, si l'on considère les quelque 800 000 naissances annuelles en France 3 , environ 13 000 enfants. Les enfants intersexués ne présentent en général pas de problèmes de santé à leur naissance et pourtant, elles font régulièrement l'objet d'opérations chirurgicales d'assignation sexuée sans pouvoir y consentir. Depuis bientôt une vingtaine d'années en France, les personnes intersexuées, prenant conscience des violations graves et injustes commises sur leur intégrité physique et psychique, se mobilisent pour que cessent les interventions médicales non consenties mutilant leur corps dans le but de les conformer aux « modèles » de corps masculin et féminin. Malgré cette mobilisation, ces pratiques médicales continuent avec l'assentiment des autorités françaises pourtant compétentes pour les faire cesser (ministère de la santé et de la justice). Ces violations sont d'autant plus graves que ces opérations, pour la plupart commises en très bas âge, ont souvent des conséquences catastrophiques sur l'état de santé des personnes intersexuées devenues adultes (douleurs, incontinence, impossibilité de mener des relations sexuelles, mutilations du corps, ablations diverses, stérilisation non consentie, dépression, rupture sociale et familiale, pratiques à risque, suicides, etc.). Cette réassignation de genre condamne les personnes opérées à un protocole lourd (médicaments antidouleur, thérapies hormonales) accompagné bien souvent par de nouvelles opérations, ne leur permettant pas ainsi de mener une vie « normale ». Ce n'est qu'au nom d'une obscure morale, en dehors de tout cadre légal, que ces actes infractionnels continuent à se pratiquer aujourd'hui en France et désormais aux yeux de tous. À l'étranger, plusieurs prises de positions officielles et individuelles de médecins ont condamné, directement et/ou 1 GISS pour Groupement d'Information et de soutien sur les questions Sexuées et sexuelles. L'association changera de nom à partir de 2018 pour s'appeler Alter Corpus.