RésuméS’appuyant sur trois bilans assez négatifs de la discipline dressés par des criminologues canadiens connus, l’auteure de cet article analyse les conditions dans lesquelles est née la criminologie afin d’éclairer ce qui rend si difficile la critique de fond de son objet, le crime. Les experts invoquent le caractère appliqué et normatif de la discipline, sa proximité avec le pouvoir politique, ainsi que le climat social et politique, national et international, favorable à un retour aux orientations répressives et à une gestion actuarielle du pénal. Mais comment expliquer alors que des groupes de criminologues britanniques et irlandais, vivant dans un contexte social et politique analogue à celui des Canadiens, aient réussi à se tailler un objet d’étude au-delà du droit pénal, et qu’au Canada même une commission nationale du droit en arrive à questionner radicalement l’objet de la criminologie et à se rallier à la notion de « tort social grave » comme sujet d’étude et d’intervention ? L’auteure suggère que la professionnalisation de la discipline au Canada rend difficile toute critique immanente. Malgré tout, elle voit des signes d’un possible renouvellement de la criminologie dans l’intérêt que manifestent des départements pour les « Justice Studies » et dans le mouvement amorcé par l’Association canadienne de criminologie et sa revue qui ajoutent le mot « justice » à leur nom.
The State's resistance to making prison law agree with the Charter of Rights and bring women's carceral conditions closer to the male norm is illustrated in a recent comparative research on 24 prisons for women in eight advanced countries. If that conclusion was not unexpected, despite the fact that the countries and establishments had been selected for being progressive and very 'humane' ones, and notwithstanding the relentless claims presented by feminist groups and human rights advocates, what came as a surprise was that avant-garde initiatives like mixed prisons, mother-and-child units, wellequipped modern programs in women's prisons proved to be, if possible, more gendering in their actual effect than old traditional male arrangements. Using materialist feminism and discourse analysis to interpret her data, the author concludes that women's incarceration is a powerful gendering strategy and a form of appropriation of women by State's apparatuses to men's advantage.Resume -Une etude recente des conditions materielles d'emprisonnement imposees aux femmes dans des pays reputes pour leur clemence en matiere correctionnelle montre que les pratiques discriminatoires et iusage excessif de la contrainte, denonces a plusieurs reprises par les groupes feministes et les militants des droits de la personne, sont encore partout la norme, souvent a I'encontre des lois et des politiques penales nationales. Si cette conclusion n'etait pas inattendue, un autre resultat de la recherche I'etait plus: les initiatives recentes (programmes d'avant-garde, prisons ouvertes, efforts de decarceration, prisons mixtes, unites meres-enfants) sont si possible plus "genrees" que ne I'etaient les pratiques traditionnelles. Analysant ces resultats a la lumiere des perspectives feministes materialistes et postmodernes, I'auteure montre que la carceralisation desfemmes constitue une strategie non seulement male, sexiste et genree mais genrante et une forme d'appropriation des detenues par I'Etat au profit de la classe des hommes.
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