Cet article explore l'impact de la libéralisation des marchés sur la main-d'oeuvre féminine au Québec. Il chercheà valider une intuition formulée par Brunelle, Beaulieu and Minier (2004) en guise de conclusion d'un rapport de recherche mettant en relief l'essor et la prolifération des marchés périphériques du travail dans le capitalisme mondialisé. Parce qu'elles sont surreprésentées dans le travail atypique, les auteurs se demandaient alors si la restructuration des marchés du travail avait des impacts négatifs les femmes. En nous appuyant sur quatreétudes de cas dans différents secteurs de l'économie (habillement, commerce de détail, télécommunications, services d'aideà domicile), l'article valide l' hypothèse d'une rehiérarchisation genrée du marché du travail sur la base de statuts d'emploi dans le sillage du processus de libéralisation.The article explores the impact of market liberalization on Quebec's female workforce in a context of global capitalism by testing a hypothesis formulated by Brunelle, Beaulieu, and Minier (2004) as a concluding remark of a research that exposed the burgeoning of secondary labor market: "Is liberalization leading to an employment-statuses-based restructuration of labor markets that would have negative impacts on women?" Using four case studies in key sectors of the economy (garments, retail, telecom, home-care services), the article suggests a genderized rehierarchization of labor markets based on employment statuses in the wake of the liberalization process.
Qu’elle soit nommée « allocation universelle », « impôt négatif », « revenu de citoyenneté » ou « revenu minimum garanti », l’idée d’un revenu de base inconditionnel continue d’alimenter les passions et les réflexions au Québec, en Europe et ailleurs dans le monde. Le revenu minimum garanti est une mesure de soutien du revenu ou de lutte contre la pauvreté intégrée à la fiscalité. Cet article présente l’une des périodes de l’examen de la faisabilité de l’implantation d’un revenu minimum garanti, dans les années 1970 au Canada et au Québec. Cette période est mise en parallèle avec l’instauration de l’aide sociale en 1969, puis avec les réformes néolibérales des systèmes de protection sociale canadien et québécois des dernières décennies. Nous examinerons ces réformes au regard de la gestion de la main-d’oeuvre de la politique sociale, laquelle participe, par l’activation, à la segmentation flexible du système d’emploi
Tiré de huit entretiens de groupe réalisés en 2018 au Québec, auprès de 44 personnes assistées sociales, cet article présente les raisons données par les participant.e.s pour expliquer leurs difficultés d’accès au marché du travail. Deux angles d’analyse ont été adoptés. Le premier est celui du rapport au travail. Combiné à la perspective des parcours de vie, le concept de rapport au travail a été mobilisé afin de saisir, de façon dynamique, ce que pensent les individus du travail et de mieux comprendre les valeurs qu’ils y rattachent, tout en tenant compte de leurs expériences du travail et de celles vécues hors du monde du travail. Le second angle d’analyse mobilisé permet de revenir sur les parcours de vie, d’emploi et d’assistance en termes d’épreuves vécues et de barrières à l’emploi. Les résultats de recherche mettent en lumière l’ambivalence des personnes assistées sociales interrogées devant les mesures d’activation leur étant proposées, et ce, malgré une volonté de retourner sur le marché du travail : les participant.e.s s’en méfient notamment parce qu’elles les cantonnent dans des emplois précaires et des parcours circulaires, limitant leur capacité à s’engager dans une trajectoire ascendante. L’enquête montre également que les pratiques discriminantes des employeurs, tout comme le système d’aide sociale, notamment parce qu’il les maintient dans la grande pauvreté, constituent d’importantes barrières à l’emploi limitant leur accès au marché du travail.
Dès la fin des années 1960, la protection sociale canadienne allait progressivement s’amalgamer au rapport d’impôt. Or cette tendance à la fiscalisation de la protection sociale semble encore mal connue des populations qu’elle vise. Dans une perspective d’analyse des politiques publiques « par et pour », nous avons élaboré un projet de recherche collaborative avec des intervenantes en placement de la main-d’oeuvre féminine. Mais celui-ci a confirmé les résistances à la compréhension de cette dynamique de fiscalisation. Dans cet article, nous allons présenter cette démarche de recherche et certains des outils mobilisés au cours de celle-ci. Nous allons ensuite remonter le fil de notre propre démarche de connaissances de la fiscalisation de la protection sociale à partir du projet d’allocation universelle, commencée il y a 25 ans. Ce faisant, nous souhaitons mettre en évidence comment ce projet qui suscite la mobilisation populaire pourrait conduire à alimenter une démarche d’éducation populaire sur la fiscalisation de la protection sociale.
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