Le village de plaine en Languedoc oriental au premier Moyen Âge est principalement construit en matériaux périssables avec des toitures de végétaux et des murs de terre crue qui ont laissé peu de traces détectables, même par l’archéologie. Prospections, études d’archives et plusieurs découvertes récentes permettent d’en percevoir le nombre, la forme, l’évolution et l’économie. Entre le IXe et le XIIe siècle, les villages de plaine sont de taille et de morphologie comparables et forment un maillage dense, étant implantés à un ou deux kilomètres de distance. Ce ne sont pas des fondations ex nihilo : ils paraissent succéder aux villas antiques dont ils occupent les terroirs, avec un léger déplacement et une transformation topographique lente. Cela se traduit par la division, dès le Ve siècle de notre ère, de l’établissement domanial unitaire antique en multiples exploitations regroupées de manière lâche d’abord, puis, à partir du IXe siècle environ, de façon plus dense et groupée autour de l’église. Parallèlement au groupement des maisons, on assiste à la formation d’un vaste quartier de stockage des récoltes en silos qui est systématiquement aménagé aux abords du village et qui est manifestement géré par la communauté des villageois. Outre l’aire d’ensilage, l’église et le cimetière sont également d’usage partagé, de même que certains puits et fours. Dans les villages qui perdurent au-delà du XIIe siècle et qui se fortifient, le rempart est également un ouvrage collectif, bâti et entretenu par l’ensemble des habitants. La maison de village présente un plan simple, de forme rectangulaire, d’une à quatre pièces. Sa superficie varie de 25 à 100 m2 ; le plus souvent elle est autour de 50 m2. Elle dispose souvent d’un vide sanitaire et d’un plancher de bois, d’un foyer et plus rarement d’une cheminée ou d’une cave. L’économie villageoise est principalement agricole, c’est-à-dire céréalière et viticole. L’élevage est pratiqué, notamment celui des ovicaprins pour leur viande, leur lait et leur laine. L’artisanat est varié sans doute largement à usage autarcique. Certains produits cependant sont échangés, ce qu’atteste la présence d’objets et de monnaies signalant un commerce direct ou indirect jusqu’en Afrique du Nord, Italie, Espagne et Anjou.