Résumé Phénomène mobile et polymorphe, le grotesque occupe la critique de façon pressante depuis les années Cinquante. Un aperçu de cette recherche permet de faire saillir des lignes interprétatives et, surtout, de montrer à quel point cette catégorie se prête au réinvestissement sémantique en fonction de préoccupations propres à chaque époque. L’exemple du théâtre allemand au XVIII e siècle est, en ce sens, frappant, car le grotesque se trouve tour à tour évacué et réintégré pour des raisons esthétiques particulières qui engagent tout le débat autour de la mimesis , les notions d’utilité morale, de vraisemblance et de liberté de l’artiste. Cette étude de détail permet de mettre au jour les déplacements, les contaminations multiples et les moments de déterritorialisation auxquels le grotesque donne lieu.
Il y a une double difficulté à engager la réflexion sur le spectateur en terre étrangère. La première est liée au statut du spectateur lui-même, sujet et objet épistémologique flou, difficilement cernable, à la fois personnalité singulière relatant une expérience par définition unique dans le regard porté sur un spectacle dans un espace et un temps donnés, et membre d'une entité par définition multiple et contradictoire qu'est le public, dans laquelle il se transforme devant le spectacle 1. Cette première saisie délicate se voit renforcée quand il s'agit d'un spectateur étranger, assistant donc à un spectacle dans un pays autre, le décentrement au fondement de l'expérience théâtrale se trouvant alors nécessairement redoublé par la langue, par la culture, mais plus largement aussi par une vision préalable de cette dernière qui vient se superposer, avec plus ou moins de force selon le degré de connaissance du pays, à la réception du public et du spectacle. Le spectateur étranger est alors à la fois extérieur et intérieur, la question étant de savoir comment son art, son activité productrice durant la représentation, se déploie dans son environnement au sein du public étranger et comment il relate cette expérience.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.