Si diverses auteures ont abordé le changement de positionnement que de mener une enquête en tant que féministe implique, peu se sont attardées à ce que cela signifie de le faire dans une société arabo-amazighe à majorité musulmane en tant que chercheure indigène (ou insider). En relisant dans la perspective d'un féminisme intersectionnel du positionnement une recherche menée auprès de femmes violentées de milieu populaire de la région de Rabat, cet article propose d'expliciter des enjeux méthodologiques comme l'accès solidaire à un terrain sensible, la présentation auprès d'enquêtées issues du même milieu social, le tissage de liens de confiance de diverses natures et le recueil de récits douloureux. Au-delà de la construction des données, il propose de réfléchir à l'analyse des résultats, qu'il s'agisse de donner sens aux justifications culturelles et religieuses de la violence conjugale ou encore de rendre compte de ses manifestations intergénérationnelles et interclasses entre femmes.
Mots clés MAROC, VIOLENCE CONJUGALE, INTERSECTIONNALITÉ, FÉMINISME DU POSITIONNEMENT, ÉTHIQUE DE LA RECHERCHENote des auteurs : Cet article reprend en partie les données de la thèse de doctorat de Salima Massoui, menée au Maroc de 2011 à 2015 avant qu'elle n'immigre au Canada, puis publiée chez L'Harmattan (2017). Ce retour réflexif a été développé avec la collaboration de Michaël Séguin, qui a suivi de près cette enquête dès ses débuts, bien que l'expérience analysée soit exclusivement celle de la première auteure. Aucun financement n'a été reçu dans le cadre de cette recherche. Nous tenons à remercier les responsables du numéro, de même que les évaluatrices et évaluateurs, pour leurs judicieux conseils.
La littérature sur l’enseignement de la recherche qualitative pose sans ambages que la pratique est encore le meilleur des maîtres. Ce constat, qui semble aussi s’étendre à l’enseignement de l’éthique de la recherche, n’est pas sans soulever de nombreux dilemmes. Par exemple, est-il acceptable pour des étudiants de premier cycle universitaire de mener un court projet de recherche sans l’approbation institutionnelle d’un comité d’éthique ? Peut-on se « servir » d’individus, y compris d’individus potentiellement vulnérables, pour se faire la main à l’observation ou à l’entretien ? Faut-il prémunir les étudiants des chocs qui les attendent sur le terrain ? Enfin, certaines postures épistémologiques sont-elles plus acceptables éthiquement que d’autres ? Cet article aborde ces différents enjeux à partir de cas qui se sont présentés au fil de mon enseignement tout en cherchant à les inscrire dans la perspective d’une « intentionnalité éthique dans la recherche plutôt que de la recherche » (Sabourin, 2009 : 66).
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.