Présenté par Yves Coppens
RésuméLes gravures paléolithiques de la grotte d'Aldène ont été découvertes [13] dans une galerie révélée par l'exploitation minière des phosphates de ce karst [10]. Réduites à une dizaine d'unités, ces gravures ont pourtant suscité plusieurs études [13,15,21]. La dernière [19] souligne leurs ressemblances (faunique et stylistique) avec le bestiaire de la grotte Chauvet [5][6][7]. L'étude stratigraphique, paléontologique et chronologique des remplissages permet de situer le passage des paléolithiques entre le dépôt de deux planchers stalagmitiques datés de 37 000 et 24 400 BP. La datation de 30 260 ± 220 BP obtenue sur les charbons issus d'un niveau intermédiaire atteste une incursion humaine à l'Aurignacien, synchrone de la première phase de l'art de Chauvet.
Les empreintes de pas de l'étage Cathala de la grotte d'Aldène ont pu être datées du Mésolithique (8200 ± 130 BP, 7790 ± 60 BP) à partir de restes carbonisés d'éléments de torches abandonnés sur le sol et de frottis pariétaux charbonneux. Les recherches et datations réalisées dans le secteur de la galerie des gravures du premier étage de la même grotte ont également fourni la preuve d'incursions spéléologiques mésolithiques (8930 ± 40 BP et 7860 ± 40 BP). Dans une région où les traces d'occupation mésolithiques étaient jusqu 'ici rares et localement absentes, ces manifestations profondes répétées permettent de souligner une fois encore l 'intérêt de la paléospéléologie pour une meilleure connaissance des implantations humaines préhistoriques.
A la suite des travaux établissant l'âge mésolithique des empreintes de pas humains de l'étage Cathala de la grotte d'Aldène et l'antériorité des fréquentations animales (ours, hyènes) dans ces mêmes galeries [Ambert et al., 2000], les recherches se sont plus spécialement portées sur l'étude sédimentologique et géochronologique (essentiellement par datations isotopiques Uranium/Thorium des concrétions) des remplissages de la cavité. Elles ont notamment précisé l'âge des dernières incursions animales du second étage d'Aldène, entre 41 500 ans B.P. et 25 000 ans B.P. L'analyse détaillée du chaos de blocs interstratifiés de planchers stalagmitiques obstruant l'entrée préhistorique de cette galerie a révélé les modalités et les chronologies de fermeture progressive de cet accès.
Trois phases au moins peuvent être distinguées : deux effondrements de voûte, largement tributaires de l'instabilité lithologique locale, le premier au Pléistocène moyen, le second, et dernier, à l'Holocène ; entre ces deux épisodes, au Pléistocène supérieur, le responsable du colmatage de la galerie principale semble être un apport de cailloutis issus de la gélifraction du porche d'entrée. Les fragments carbonisés de torches ont permis de reconnaître l'ultime et étroit passage emprunté par les hommes du Mésolithique avant le dernier effondrement scellant définitivement cette entrée.
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