De la segmentation dans les tweets : signes de ponctuation, connecteurs, émoticônes et émojis 1Segmentation devices in tweets: punctuation marks, connectives, emoticons and emojis
L'objectif de cet article est de décrire et d'interpréter les effets de modalisation déclenchés par les émoticônes dans un corpus de conversations synchrones en ligne, dans un contexte d'enseignement à distance. Après un rapide point théorique sur les aspects définitoires de l'émoticône et ce qui permet d'en établir une typologie formelle et fonctionnelle, nous fournirons quelques statistiques concernant les productions d'émoticônes par les formateurs, d'une part, et par les étudiants, d'autre part. Nous nous intéresserons enfin aux spécificités pragmatiques des différents types d'émoticônes et aux fonctions qu'elles occupent selon qu'elles sont utilisées par les formateurs ou les étudiants. 1.DÉFINITION, TYPOLOGIE ET STATISTIQUES 1.1.Définition généraleApparues avec les premiers t'chats dans les années 1970, et connaissant, depuis, une inexorable croissance dans les discours écrits en contexte numérique, les émoticônes sont des pictogrammes (au sens de Vaillant 1999) : des signes appartenant à la fois à un système d'écriture, avec des règles combinatoires, et dont la sémiose repose sur l'iconicité. Ces pictogrammes peuvent être constitués de signes de la banque de caractère ASCII (American Standardized Code for Information Interchange) : par exemple : « :) », « ;) », « :( » pour les émoticônes « occidentales » à lire en penchant la tête vers la gauche, ou « ^_^ », « -_-» pour les émoticônes « orientales », à lire de face ; ils peuvent aussi, comme c'est le cas dans la plupart des logiciels de communication à l'écrit dans le domaine de la téléphonie mobile, être dessinés : Figure 1 : exemple d'émoticônes de surprise de la banque « emoji ».Les primitives iconiques combinées pour former des entités graphiques ayant des sens différents sont la plupart du temps la forme des yeux et celle de la bouche ; y sont ajoutés, pour les émoticônes dessinées, quelques éléments signifiants comme les couleurs (le rouge codant la colère ou la gêne, selon qu'il est combiné avec des formes d'yeux et de bouche spécifiques) ou d'autres éléments iconiques (les larmes, les gouttes de sueur, le souffle, etc.). Pour autant, tous les pictogrammes ne sont pas des émoticônes. Nous réservons ce terme aux signes qui, au sens peircien, sont, d'une part, des icônes de mimiques faciales ou de gestes (c'est-à-dire des signes qui ressemblent visuellement à des mimiques faciales ou des gestes) et, d'autre part et dans le même temps, des indices de l'inscription des sujets parlants dans leurs propres discours : c'est-à-dire des signes qui pointent, dans une relation de contiguïté avec leur objet, vers des éléments subjectifs de la situation d'énonciation (nous entendons par situation d'énonciation toutes les conditions spatiotemporelles, linguistiques et extra-linguistiques, susceptibles d'aboutir à la production d'un énoncéla présence d'un interlocuteur en étant par exemple une condition nécessaire) 2 . Par « sujet parlant », nous entendons, à la suite de Ducrot (1981), l'instance empirique, « de chair et d'os » qui est à la source de la production ...
communication genres, and thanks to a few suppression and displacement tests, we envisage several hypotheses based on an enunciative and semantic perspective. They allow us to provide the reasons that motivate the specific positions of interjections and emoticons. To do so, we consider together the notions of modality, scope and, aim.
Cet article a deux objectifs : d’abord, clarifier, d’un point de vue sémiotique, le statut de ces marques modales, apparues relativement récemment dans la communication médiée par ordinateur, que sont les émoticônes. Il s’agira de retracer rapidement l’histoire de ces signes puis de tenter d’en donner une classification plus précise reposant d’une part sur la sémiotique peircienne et d’autre part sur les travaux issus de la sémiotique européenne et portant sur les rapports entre le texte et l’image. Ensuite, observer dans un corpus de chat les fonctions pragmatiques et énonciatives des émoticônes afin, d’une part, d’interroger les théories existantes, concernant par exemple la modalisation, mise à l’épreuve par ces nouveaux objets d’étude et, d’autre part, de proposer une analyse permettant de mieux comprendre le rapport entre des signes iconiques et le texte qu’ils accompagnent. Ce faisant, nous espérons ouvrir sur un profond questionnement de nos façons d’envisager, en sciences du langage et plus généralement dans les sciences de la communication, les rapports entre le verbal et le non verbal.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.
customersupport@researchsolutions.com
10624 S. Eastern Ave., Ste. A-614
Henderson, NV 89052, USA
This site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.
Copyright © 2024 scite LLC. All rights reserved.
Made with 💙 for researchers
Part of the Research Solutions Family.