Il convient de commencer par élucider, ou du moins circonscrire -pour les interroger -, le couple de termes qui font l'objet de notre discussion : ceux d'« espace public » et de « communauté ». Il va néanmoins sans dire que, toujours déjà précompris, ces termes auront déjà précédé et informé jusqu'aux règles de ce régime de langage déterminé que nous appelons ta « discussion », « séminaire », « débat » (avec son organisation du temps, son mode de distribution de la parole, la fonction argumentative de celle-ci, l'enregistrement et la diffusion éventuelle des interventions, le contrat juridique que cela suppose, etc.). C'est pourquoi, dans ce qui suit, la réflexion prendra souvent la forme, explicite ou non, d'une autoréflexion.Pour circonscrire alors les termes en question, je voudrais prendre pour point de départ un texte, qui n'est pas « scientifique », ni même « théorique », disons plutôt « littéraire », ou (puisqu'il va être question de Kant) qui relève d'un « usage littéraire de la raison ». Il s'agit de L'Homme sans qualités de Robert Musil (1930-1933. Par le recours à ce texte j'aimerais déjà soulever la question de savoir ce qu'il en est du sentiment, et du partage du sentiment -qui est tout autre chose que la « communication » -, dans un espace public. Par exemple celui de notre discussion ici et maintenant.A vrai dire je ne détacherai (arbitrairement, forcément) que quelques petits passages, particulièrement pénétrants, du chapitre 122 de ce roman, lesquels mettent en jeu ou en scène (ce sera en tout cas ma lecture ici) l'apparition du monde rural comme lieu du sens -ce qui n'est pas un espace public, mais plutôt un temps commun ou communautaire -où se