Les auteurs proposent une réflexion autour de la question d’un processus d’effacement de la pensée, qui serait caractéristique de la problématique autistique. Celui-ci se jouerait en premier lieu de manière très concrète, c’est-à-dire sur un registre éminemment corporel. Le corps serait employé pour effacer tout ce qui pourrait être source de conflit et donc vécu comme insupportable.

L’époque contemporaine témoigne d’une évolution notable, celle d’une libération du corps. En effet, le corps du sujet contemporain renforcerait ses positions classiques, celles qui nous amènent à poser comme hypothèse que le corps du sujet s’est toujours distingué par son caractère complexe, polysémique et paradoxal. Or, là où il cherchait à se conflictualiser, il en viendrait désormais à se maintenir par le clivage. Ce constat annoncé ferait écho à ce que le sujet handicapé peut déjà éprouver…

Autisme et psychomotricité / sous la direction de Julien Perrin, Thierry Maffre et Cindy Le Menn-Tripi ; préface de Jean-Michel Albaret. – 2e édition. – Paris ; Louvain-la-Neuve : De Boeck supérieur, 2019. – 496 p. – (Psychomotricité). – 1 vol. broché de 16 × 24 cm. – 36,90 €. – isbn 978-2-8073-2026-0.

Comme Anzieu a pu le déclarer (1974, p. 195), notre société contemporaine chercherait à supplanter le corps. Elle ferait à ce titre de l’impensé sexuel une préoccupation désuète, pour finalement le remplacer par celui du corps. Toutefois, à force de vouloir se dégager de ce corps devenu embarrassant et encombrant, il referait retour par une demande impérieuse de concrétude. La crise sanitaire viendrait témoigner de cet état de fait, dans le nécessaire temps de l’impact traumatique. L’auteur propose de revenir sur une présentation de la position qu’occupe le corps dans la théorie et la méthodologie psychanalytique. Il tentera également de clarifier son statut épistémologique. Enfin, il illustrera ses hypothèses par le récit d’une thérapie auprès d’un adolescent autiste, qui a pu s’engager dans un processus transférentiel par la médiation du toucher-thérapeutique.

À partir d’un cas clinique, nous illustrons le travail psychanalytique pouvant être proposé auprès de sujets autistes, en présentant les étapes rencontrées au sein de la thérapie et qui témoignent d’avancées quant au développement du moi corporel. Les propositions thérapeutiques consistent à accueillir le processus autistisant et à proposer des aménagements, en termes d’exploration sensorielle par le toucher, de partage d’affect et de scénarisation des formes corporelles.