Toute institution internationale qui s’appuie sur un réseau d’agents à l’étranger ne peut pas les contrôler au quotidien et doit leur laisser une large autonomie. Cela rend d’autant plus cruciale l’étape de leur recrutement. C’est ce qu’illustre ici le cas de la diplomatie audiovisuelle pour le ministère français des Affaires étrangères. C’est lors du recrutement des agents qui la mettent en œuvre que les grandes orientations sont en effet décidées. Dès qu’on rapporte certaines propriétés des attachés audiovisuels aux régions où ils ont été envoyés, on repère une claire division du travail de la diplomatie audiovisuelle française : des « routards de la coopération » sont en poste en Afrique ou au Maghreb et au Moyen-Orient, des « jeunes éclaireurs » peu expérimentés en Asie et en Europe de l’Est, et des « hôtesses du business » en Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest, où elles se spécialisent dans les festivals de cinéma et la diffusion non commerciale.
This article deals with a paradox of contemporary globalization: while on the one hand, the ability to communicate over long distances allows us to further streamline and depersonalize our exchanges, on the other, there has been a rise in international events that are dedicated to professional meetings in a wide range of economic sectors since the 1980s. This article addresses the issue with a survey of two international film and TV “marketplaces” that bring together thousands of professionals in the film and television industry from around the world. By examining interactions between participants, it is emphasised that these events are above all social spaces, contrary to other accounts that reduce them to spaces for data collection or symbolic competition. By encouraging the creation of social groupings, these events indeed contribute towards delimiting a transnational professional community. Moreover, although these are commercial business events, the strictly economic stakes are greatly minimized or euphemized. The personalization of relationships between participants predominates, which is crucial in ensuring the long-term sustainability of trade.
En comparant deux des principaux marchés audiovisuels internationaux, le MIF et le MIPTV, chacun situé à Cannes, on montre d’abord qu’ils sont des lieux d’évaluation et de valorisation des biens audiovisuels à exporter plus que des lieux de fixation des prix. Ils obéissent moins à la définition néoclassique du marché qu’à celle d’une sociologie économique attentive aux formes de « métrologies » marchandes. Ils n’en constituent pas moins des lieux d’observation privilégiés des régimes de valorisation des biens audiovisuels dans le commerce international. On montre en outre que ces régimes diffèrent beaucoup pour les exportateurs français qui ont été enquêtés. Le MIPTV obéit à un « régime d’exposition », où il s’agit de présenter le maximum de programmes audiovisuels pour les transférer d’une « grille » de programmation à une autre. Le MIF relève d’un « régime festif » où les biens sont mis aux enchères, le festival – et sa « palme » – étant le dispositif central du marché auquel il donne son rythme.
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