La présentation de livres anciens : c'est pas sorcier L'Université et la Bibliothèque municipale de Bordeaux ont élaboré ensemble pour leurs équipes des séances de formation à la présentation de livres anciens pour le grand public. Une initiative qui vise à ne pas réserver cette activité aux seuls spécialistes.
Qu’est-ce qu’être armé dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge ? L’interdiction faite par le roi de « porter les armes » à partir du milieu du XIII e siècle dans le contexte de l’encadrement des guerres seigneuriales permet d’observer avec précision ce que l’on considère comme « être armé ». À partir d’une interdiction générale et absolue reposant en pratique sur le discernement des gens du roi vers 1265, le Parlement établit, à partir de 1311, la catégorie précise des « armes notables et invasibles » qui sont inhabituelles et servent à attaquer. L’arme portée à la ceinture par habitude, comme le couteau et l’épée, sans préméditation de combat, ne fait pas l’objet d’incriminations et est plutôt un atout pour demander une rémission. Toutes les autres armes font l’objet de permis nominatifs attestés dès 1265, qui sont accordés tant à des nobles menacés qu’à des marchands en voyage, et dont la diffusion participe à la connaissance de l’interdiction. La législation royale doit concilier deux tendances contradictoires : d’une part, le besoin d’encourager la population à détenir des armes pour défendre le royaume et, d’autre part, la volonté d’assurer la pacification des chemins royaux. Les ordres donnés aux baillis de péages permettent de connaître avec précision la portée de l’interdiction : au tournant des xiv e - xv e siècles, l’habitude prise par les gens du roi de prendre en compte le « groupe armé » pour définir l’incrimination de « port d’armes » cède la place à une définition jurisprudentielle d’un type d’« armes prohibées » : un ensemble précis d’armes utilisées à la guerre, incluant les pièces d’armure et éléments de protection, les armes d’hast et de trait. Le port en est alors réservé aux gens du roi, chargés d’un monopole des matériels de guerre, qui est explicitement formulé en 1487. Les « armes notables et invasibles » du xiv e siècle deviennent des « armes prohibées », qui sont la qualification juridique d’une rupture des pratiques sociales. Ce nouvel objet juridique de l’« arme prohibée » est le chaînon manquant entre la condamnation des faits après coup par les ordonnances sur les guerres seigneuriales, et la vision moderne d’une société désarmée, laissant au pouvoir central le monopole des armes de guerre.
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