La politique de l’inimitié ou de l’ennemi semble de retour dans l’arène parlementaire camerounaise. Pour la première fois dans l’histoire des pratiques d’assemblée de ce pays, des gouttes de sang arrosent le tapis de l’hémicycle au cours de la session parlementaire de novembre 2017. L’ordre parlementaire fut menacé, perturbé, ébranlé. Pourtant, il fait l’objet d’une règlementation rigoureuse et de plus en plus rigide. Comprendre la résurgence de la violence dans les hémicycles du parlement camerounais à l’ère de la civilisation des pratiques et comportements politiques est la principale tâche que s’est assignée la présente contribution. L’examen desdits évènements à l’aune des variantes stratégiques et symboliques des interactions laisse aisément saisir les moments de violence comme des manœuvres stratégiques d’affirmation d’une opposition parlementaire tantôt en rupture avec l’ordre parlementaire établi, tantôt en proie aux pulsions d’autoritarisme d’un milieu parlementaire à démocratisation inachevée.
La présente étude esquisse une analyse de l’effectivité de la vision républicaine de l’État au Cameroun. Cette vision ontologique de la république (res publica) est constitutionnellement proclamée et politiquement revendiquée. Mais au regard des pratiques politiques, peut-on véritablement parler d’État républicain? À l’examen des processus d’étatisation, l’État républicain se concrétise par la mise en place progressive d’un ensemble d’institutions garantes de l’intérêt général. Cette effectivité historique qui consacre le développement de l’État républicain est cependant querellée à l’observation des pratiques instituées de gouvernance politique. D’où la nécessité d’une (ré)appropriation pratique, contemporaine et collective, des mœurs républicaines. Cette (ré)appropriation va bien au-delà de la simple production des institutions dites démocratiques et vainement républicaines.
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